Pour inaugurer la série, voici le témoignage d’une jeune femme professeur de mathématiques en collège. Au cours des années passées à accompagner les mères, j’ai croisé de très nombreuses enseignantes qui n’envisageaient même pas de poursuivre l’allaitement à la reprise des cours. Elles jugeaient cela tout simplement impossible. Je souhaite que le texte ci-dessous puisse aider les nouvelles mamans enseignantes à réfléchir à la question avant de poser un “non” ferme et définitif. Continuer la lecture de Je suis prof et j’allaite!
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Travailler et allaiter, impossible?
A l’heure où il ne fait plus de doute qu’allaiter longtemps est bénéfique à tout point de vue pour la mère et l’enfant (°), il reste néanmoins des écueils de taille pour les jeunes mamans. Et l’un des plus fréquents s’appelle la reprise du travail. En France, elle a lieu habituellement vers les deux-trois mois de l’enfant, c’est à dire bien tôt pour un petit être aussi dépendant.
La grande majorité des jeunes mamans dans cette situation se résignent et, la mort dans l’âme, cessent d’allaiter leur bébé pour cette date fatidique de la reprise du travail. Je parle de date fatidique en pesant mes mots : elle stresse les femmes des semaines ou des mois à l’avance, parfois même avant la naissance!
Allaitement : aller à l’essentiel
Sabrina(°), bébé hurlant à l’appui, appelle parce que son bébé d’un mois n’a pas pris un gramme en quinze jours. Nous faisons le point sur la fréquence des tétées.
” Il tète quatre fois par jour, il dort beaucoup”, m’annonce Sabrina. Et la durée des tétées? “Moins de dix minutes, il s’endort très vite”.
La vérité sort de la bouche des enfants
Pour changer un peu, je vous livre quelques brèves d’enfants glanées au fil des accompagnements d’ allaitement.
Nina 4 ans, allaitement toujours en cours :
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Humm, maman, ton lait est trop bon !
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Ah oui , il a quel goût ?
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Celui -là ( sein gauche ) : Nutella et celui-là ( sein droit ) : vanille!
Dans le même registre, pour Valentine, le lait a le goût de spaghettis bolognese ou pizza …..
Jonathan, 4 ans, à sa maman qui est sans appétit ce jour-là : “Maman, vide ton assiette, tu as besoin de forces pour donner le titi à Claire “ .
Marie 7ans, allaitée 5 ans ½, :
« C’est meilleur que le chocolat et les bonbons, je veux retéteeeerrrr !!!!!! Pourquoi y’a plus de lait ? Fais- moi un petit frère comme ça il y en aura de nouveau et je pourrai en profiter ! »
Noah , 3 ans ½ à sa maman qui allaite son petit frère de 3 mois :
« Evan boit le lait des titis et moi le lait du Leclerc »
Question posée à Livia, 8 ans ( allaitée 5 ans ½ ) :
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Livia, explique moi ce que c’est, l’allaitement .
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C’est quand une maman fait téter au sein son bébé et ne lui donne pas du lait chimique !
Angélique à son fils Clément, 7 ans :
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Ferme ta veste , tu vas être malade !
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Mais non, lui répond-il, j’ai été allaité ….
Et Anaëlle 9 ans , allaitée 6 ans, dont la poitrine commence à se former :
« Maman , je veux avoir des seins comme toi, comme ça j’aurai du bon lait à téter »
Coline, 6 ans, allaitée 3 ans, regardant les seins de sa maman « Pfff, j’aurais pas du m’arrêter, comme ça, il y en aurait encore… »
A priori, le lait maternel leur laisse un très bon souvenir.
Et les vôtres ? Que disent-ils ?
Un exemple en matière d’allaitement : la Suède
Comme je vous l’avais promis, voici un témoignage édifiant qui tend à montrer que le contexte est déterminant en allaitement.
Côté Suède…
Julie (°) quitte la France pour deux ans en 2009, alors qu’elle est enceinte de deux mois. Son mari part en mission en Suède, où elle a également trouvé du travail. Après la naissance, Julie allaite son bébé pendant six mois exclusivement, puis elle reprend son travail en allaitant partiellement. Lorsqu’elle rentre en France en 2011, le petit est encore allaité deux à trois fois par jour. Enceinte de nouveau, Julie interrompt en douceur l’allaitement, mais pas pour longtemps se dit-elle, toute pressée qu’elle est de revivre cette aventure qu’elle a tant aimée. Hélas pour elle, une toute autre réalité l’attend.
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Quelques conseils pour l’introduction du biberon lors de la reprise du travail
La reprise du travail approche et vous commencez à angoisser… Nous avons déjà parlé de cette période délicate sur ce blog, mais puisque vous vous posez toujours autant de questions, voici quelques compléments. Tout d’abord, gardez le cap : quel que soit le mode de garde, continuez de faire confiance à votre enfant!
Expliquez bien votre projet d’allaitement à la personne qui veillera sur votre bébé dès les premiers contacts (inscription, période d’adaptation…). Une coopération étroite entre les parents et la personne qui garde le bébé facilitera l’adaptation et la poursuite de l’allaitement. N’hésitez pas à lui faire un petit papier récapitulatif avec toutes les informations sur la conservation et l’utilisation du lait maternel que vous aurez glanées.
Réfléchir à deux à l’allaitement
Une jeune femme enceinte me disait l’autre jour : « Moi, je ne vais pas m’embêter à allaiter alors que les laits en poudre existent. »
En général, lorsqu’une femme enceinte dit cela à un professionnel de l’allaitement, c’est qu’elle a besoin d’être correctement informée et rassurée. Et mon rôle n’est pas de la convaincre à tout prix, mais de l’accompagner pour qu’elle prenne sa décision en toute connaissance de cause plutôt que de le faire de manière dogmatique. Comme je savais qu’elle était enseignante en philosophie, plutôt de lui refaire la liste de tous les avantages de l’allaitement, je lui dis tout simplement :
– Je peux comprendre votre position, mais d’un autre côté, comme l’a dit Aristote : « La nature ne fait rien en vain ni de superflu… ». Il me semble que chaque jour, la science lui donne raison. Alors si les seins des femmes font du lait, c’est que ce n’est pas superflu…
Et elle me répond du tac au tac :
-De toutes façons, mes seins, je les réserve à mon mari, c’est comme ça. »
Cela signifiait que la conversation était close. Prise d’une inspiration, je lui demande :
-Tiens d’ailleurs, qu’en pense-t-il, votre mari, de l’allaitement?
J’aime bien connaître l’avis des futurs papas, ou en tous cas, ce que veulent bien en dire les femmes, car, même si le corps de la femme lui appartient totalement et donc la décision finale d’allaiter ou non, le papa est responsable de la santé de son enfant. Et, à ce titre, il a le droit et le devoir de participer à la réflexion.
Elle me répond qu’il ne sait pas quoi penser. J’invite la jeune femme à tout hasard à communiquer mon numéro à son mari, s’il a des questions. Je ne m’attends pas à ce qu’il m’appelle.
Et pourtant, c’est ce qu’il fait quelques jours plus tard. Il veut tout savoir de l’allaitement! Après une longue conversation, il me remercie et me dit « Bon, il me reste deux mois pour la convaincre, je crois que je vais y arriver.»
J’avais un sourire jusqu’aux oreilles, parce que je savais que c’était déjà gagné! La jeune femme souhaitait allaiter au plus profond d’elle-même. Elle savait bien que l’allaitement n’a rien de superflu, qu’il est dans l’essence même de la maternité, de l’humanité. Que si les glandes mammaires de la femme produisent un si précieux liquide, ce n’est pas pour qu’on les arrête à coup de médicaments bloquants.
Mais elle avait peur que son mari l’aime moins si elle donnait une part de son corps à son bébé. Elle avait besoin que ce soit lui qui vienne à elle pour lui dire : « Ce serait bien que tu allaites, qu’en penses-tu? »
Futurs papas, futures mamans, parlez entre vous, échangez sans non-dits vos souhaits, vos peurs concernant cet enfant à venir, sa naissance, son allaitement… Tissez ensemble le berceau dans lequel vous allez l’accueillir. Vous construirez ainsi la paix dans votre famille, et, par delà, cette paix dont le monde a tant besoin.
Les inconvénients de la pilule face à l’allaitement
Fanny (°) m’a contactée il y a un mois maintenant. Son bébé Simon (°) avait trois mois à ce moment- là. Elle souhaitait reprendre l’allaitement interrompu quelques semaines plus tôt et voulait savoir si cela était possible.
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Meilleurs vœux de bonheur!
En souhaitant bonne année cette nuit à tous mes proches, je faisais comme à l’accoutumée le point sur l’année écoulée, et je réfléchissais à la notion de bonheur. Je pensais à un excellent reportage que j’avais regardé il y a peu, qui montrait clairement que le bonheur est lié au choix. Et, contrairement à ce qu’on pourrait croire de prime abord, plus on a de choix, à objectif équivalent, moins on est heureux (à notre décharge, c’est l’inverse de ce dont on nous rebat les oreilles à longueur d’année dans les médias).
Et je me disais en pensant à mon sujet de prédilection, que si les femmes n’avaient pas le choix de l’allaitement, sans doute que leur suivi et leur accompagnement serait tout autre et que finalement, elles seraient plus heureuses.
Si les préparations pour nourrissons n’existaient pas, les femmes ne se poseraient pas la question d’allaiter ou non. Du coup, l’allaitement serait vraiment naturel. Par conséquent, il y aurait moins de problèmes liés à la méconnaissance. Tout le monde serait bien informé, puisque cela ferait forcément partie de la vie quotidienne. Les situations où il y a un vrai problème pousseraient à la solidarité : d’autres femmes allaitantes viendraient aider le couple mère-enfant en difficulté…
Mais je rêve là… Ou est-ce l’effet du champagne?
Quoi qu’il en soit, je vous souhaite une année 2015 heureuse et éclairée…
Solidarité autour de l’allaitement
Demain Noël…
Ce temps qui se voudrait partage et solidarité.
Quand on a la volonté de vivre ces valeurs, on trouve toujours plein de domaines d’application!
Et en allaitement, c’est facile!
Si on n’allaite pas, cela pourra passer par du soutien à celle qui allaite : écoute, aide ménagère, garde des aînés. Il y a tant à faire pour aider. A partir du moment où une femme allaite, elle a forcément besoin d’aide car ce qu’elle vit lui demande tellement d’énergie qu’elle ne peut pas être sur d’autres fronts.
Si on allaite, la solidarité peut passer par le partage d’expérience. Au sein d’une association d’entraide, en famille ou ailleurs, un petit conseil, un petit mot, un simple sourire peuvent suffire à ce qu’une maman allaitante retrouve le moral. Et quand le moral revient, le lait l’accompagne!
Si on allaite et qu’on a beaucoup de lait, ce qui n’est pas toujours facile, la solidarité peut passer par le don de lait.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, avoir trop de lait n’est pas une sinécure. Engorgements à répétition, bébé qui ne prend pas de poids car il gère mal le trop-plein, et bien souvent souffre de terribles coliques. Sans parler qu’on se réveille le matin dans un lit qui prend des allures de piscine, et qu’on doit changer son Tshirt trois fois par jour! Quand on a tout essayé, il vaut mieux transformer le problème en solution : donner ce lait en trop. Et les besoins sont immenses… De plus en plus de bébés naissent prématurément. En 2012, cela a été le cas pour 60 000 bébés sur 800 000. Le lait maternel est pour eux une question de survie.
Les lactarium appellent à l’aide en ce moment. N’hésitez pas à prendre contact avec l’un deux pour voir si une collecte est en place près de votre domicile. Une fois la procédure mise en place (formalités administratives incluant des analyses), les mamans qui donnent leur lait disent que cela ne représente pas tellement de temps et d’énergie que cela dans leur quotidien. Et elles sont tellement heureuses d’avoir pu aider d’autres bébés.
Je vous souhaite à vous et à vos familles, un Noël de partage et de bonheur!
Allaiter n’est pas souffrir!
J’ai accompagné une maman qui allaitait son bébé depuis un an, et souhaitait arrêter l’allaitement pour pouvoir partir une semaine en formation. Alors que je lui donnais des conseils pour sevrer en douceur, elle me dit :
« Au fait, combien de temps les crevasses vont mettre pour cicatriser? »
– Ah? Vous avez des crevasses? »
– Oh oui, depuis longtemps!
– Longtemps, c’est à dire?
– Depuis la naissance, quoi!
– Vous avez des crevasses depuis un an??
– Oui, pourquoi?
– Et vous avez mal?
– Ah oui, j’ai mal!
Culpabilité ressentie des mères : l’arbre qui cache la forêt
Dans la suite du billet « Ne m’appelez plus jamais lait », concernant la nature des Préparations Pour Nourrissons et notre manière de les nommer je vous propose maintenant d’aller encore un peu plus loin pour creuser une question qui revient régulièrement quand on parle de maternage, d’allaitement et donc d’émotionnel : la culpabilité ressentie par les mères.
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Une belle histoire de détermination face à la reprise anticipée du travail
J’aimerais vous parler aujourd’hui de Julie (°), une jeune maman allaitante qui a du partir en formation alors que son bébé n’avait que 6 semaines. Continuer la lecture de Une belle histoire de détermination face à la reprise anticipée du travail
Protégez-vous du cancer en allaitant longtemps
A l’heure où l’on parle de vacciner en masse à l’école contre le papillomavirus pour éviter certains cancers, alors qu’il n’est même pas démontré que cela soit réellement efficace (1), il est hélas possible qu’on finisse par nous proposer la même chose pour “vaincre” le cancer du sein. Or les vaccins pouvant être responsables d’accidents graves (2), il vaut mieux trouver une solution moins risquée.
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L’allaitement, une histoire de confiance
Il y a peu, une toute jeune maman m’appelle. Son bébé a une semaine, la veille elle a décidé d’arrêter l’allaitement et elle n’arrive pas à gérer l’engorgement .
S’ensuit un dialogue malheureusement trop fréquent :
-“Pouvez vous me dire pourquoi vous avez cessé d’allaiter?
-La prise de poids n’était pas terrible, et puis…
-et puis?
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Allaitement physiologique, soyons logique
Quand j’entends une femme me dire : « Oh oui, j’ai allaité longtemps : presque trois mois! », je la félicite car elle y a mis du sien, c’est évident! Pour une Française c’est pas mal… mais par rapport à la physiologie humaine, c’est quand même plutôt court.
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Conservation du lait maternel : qui croire ?
A la question « Combien de temps puis-je conserver mon lait maternel ? », il existe tout un panel de réponses en fonction des organismes qui les donnent. Des chiffres tellement différents qu’on ne sait plus qui croire ni quoi faire. A tel point que cela perturbe les nouveaux parents dans les pratiques du quotidien. Essayons ensemble d’expliquer d’où viennent ces différences pour que vous puissiez y voir clair et évaluer votre réponse à vous.
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Allaiter après six mois : la diversification menée par l’enfant
Le temps passe, votre bébé va avoir quatre mois et déjà, on vous dit: «quand vas-tu donner autre chose que ton lait, tu es sûre qu'il est encore assez nourrissant? » et chaque personne de votre entourage (familial, amical ou les professionnels) commence à donner sa recette. Mais quelle est la bonne?
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Allaiter après 6 mois, épisode 2 : la galère des nuits
Nous parlions la semaine dernière de l’allaitement à la demande d’un grand bébé. Ce n’est pas un long fleuve tranquille, loin de là! Et un des principaux questionnements de cette thématique concerne la nuit. Doit-on oui ou non continuer à allaiter à la demande la nuit?
Ce n’est pas une question simple, elle n’a donc pas de réponse simple.
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