Archives de catégorie : Histoires de mamans

Mon allaitement que rien ne pouvait freiner

Témoignage de Julie, auxiliaire de puériculture, monitrice de portage, instructrice massage bébé et  animatrice LSF ( langue des signes ) bébé.

Quand ce petit être est venu se loger au creux de moi après de multiples fausses couches et évènements malheureux, je l’ai ressenti comme une ode à la vie, un nouveau départ.

Une grossesse mal vécue avec ce stress de la mort qui planait au-dessus de ma tête ne m’a pas permise de me projeter sur la naissance et le après ; je ne parvenais pas à me visualiser repartant de la maternité avec un bébé. J’étais loin de m’imaginer que porter la vie après la mort sera un défi constant. Alors quand on me parlait d’allaitement, je disais juste : « je vais essayer ! ».

Très prévoyante et bien endoctrinée par la société de consommation, j’avais acheté tout l’attirail (bouts de seins en silicone, tire-lait manuel, coussin d’allaitement, du lait en poudre, des biberons).

De par mon métier d’auxiliaire de puériculture en maternité, j’étais informée et consciente des pratiques autour de l’allaitement, du risque des compléments, de la perte de poids, et malgré tout je comptais y faire face avec mon conjoint comme meilleur soutien mais en réalité je n’avais pas confiance en moi.

Le jour J arriva, perte des eaux, début du travail, je ne gère pas la douleur et accepte la péridurale trop rapidement. S’ensuit une suite tellement prévisible : stagnation du travail, ralentissement du rythme cardiaque de mon bébé, bébé en souffrance. Le gynécologue passe alors et il m’a suffi d’un regard de sa part pour que je comprenne que rien n’allait se passer comme je le voulais. J’entends encore ces mots « code rouge » que je ne connais que trop bien. On pratique une césarienne en urgence. Et soulagement, bébé va bien, moi aussi ! C’est le principal comme on dit ! Seulement, qui dit césarienne, dit séparation.

Quand je retrouve mon bébé, je ne ressens rien, je l’observe, le câline comme le bébé de quelqu’un, je tente une mise au sein mais il est complètement ailleurs.

Je le regarde et je le garde contre moi toute la nuit, je tente de le mettre à mon sein mais je ne sais pas faire, je n’y arrive pas, il ne tète pas, il pleure. Je me dis alors que je ne sais pas l’apaiser. Régulièrement des auxiliaires viennent essayer de m’aider à « brancher » ce bébé car je refuse les compléments.

Je masse mes seins et exprime seule mon colostrum, ce qui va aider à faire venir ma montée de lait. Mon bébé reprend enfin du poids à j5 et nous pouvons sortir. Je pensais avoir tout gagné. Et je me dis que tout sera maintenant un long fleuve tranquille.

Pourtant ce qui m’attend ce sont des douleurs, des crevasses, un réflexe d’éjection fort difficile à gérer par mon bébé, un allaitement acrobatique, un bébé jamais apaisé. Je passe alors des heures sur les réseaux sociaux et sur le site de La Leche League pour comprendre, apprendre, chercher du soutien. En vain. L’allaitement n’est plus alors une option pour moi mais un but ultime.

Il m’aura fallu de multiples rencontres et échanges avec de nombreuses mamans, des professionnels pour mettre un mot sur la cause qui a gâché tous nos moments d’allaitement : les freins restrictifs. J’ai vécu une course effrénée d’ostéopathes en chiropracteurs, de pédiatres en sages-femmes, pour finir avec une consultante en lactation, et enfin, après ce périple, trouver une personne qui, au détour d’une conversation, avance simplement : « Tu as du terriblement souffrir ! » alors qu’elle regarde mon fils. Je suis ébranlée. Enfin quelqu’un a compris et a su me guider vers la suite de ce long voyage qui n‘est pas fini.

Inconsciemment, tout ce parcours m’a révélé en tant que mère. Il a changé ma vision professionnelle et de l’accompagnement. Aujourd’hui je me forme pour devenir consultante en lactation IBCLC. Et je n’ai mis aucune limite à la fin de mon allaitement. Je vis celui-ci en conscience avec mon petit bonhomme de presque 3 ans et nos moments lactés rechargent nos batteries mutuelles.

Cette histoire était écrite et prédestinée à changer mon destin.

les difficultes d’allaitement d’un bebe différent

Le bébé de Marion est né avec une laryngomalacie. Voici son histoire.

Je pourrais vous parler de mon premier allaitement, intuitif, loin d’être parfait mais dont je suis fière, cet allaitement qui a pris fin le jour symbolique du 1an de mon petit Lou.

Mais je vais plutôt vous raconter ma nouvelle aventure, celle que je partage chaque jour avec Jude depuis plus de 4 mois maintenant.

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les debuts difficiles, une victoire meritee


Maman de deux jeunes enfants, Perrine est réflexologue.

Voici mon histoire

J’ai accouché d’une petite fille poids plume après une grossesse assez mouvementée et éprouvante. J’avais beaucoup écouté les expériences d’allaitement de mes amies. J’avais compris et retenu que cela pouvait être difficile, douloureux voire fatiguant parfois. Pour le coup, je n’envisageais l’allaitement que comme une possibilité “si ça ne devenait pas trop compliqué“. J’avais préparé une batterie de biberons prête à l’emploi. Bien que je sois très orientée médecine naturelle et alimentation saine et non transformée depuis mes 20 ans, allaiter était loin d’être une conviction consciente !

Et cet ange s’est alors déposée dans ma vie… Première rencontre, premier regard. Je suis surprise par son instinct de vie, je la vois sentir le sein, l’attraper et me regarder, comme si tout cela était facile et programmé pour aller de soi. Nous baignons dans un bain d’ocytocine. Le temps de peau à peau est merveilleux bien que trop court à mes yeux. Nous retournons en chambre. Mon bébé idyllique se repose après son si long voyage. Nous sommes une maman et un papa comblés. Mon compagnon nous laisse ému aux larmes promet de revenir tôt le lendemain matin.

Le séjour à la maternité

J’essaie alors de donner le sein à mon bébé, mais cette fois-ci ça fait mal. Je sers les dents. On affirme que c’est normal, on me réinstalle et on me conseille d’appeler quand j’ai du mal à mettre mon bébé au sein. Je demande de l’aide pour chacune des tétées afin que l’on vérifie que ma fille est bien installée. Je reçois alors un flot de réponses péremptoires : “C’est normal que ça fasse mal”, “elle ne sait pas téter ; elle n’y arrivera jamais”, “c’est quand même pas compliqué“. Et puis les douleurs me submergent : celles de l’allaitement, celles de l’accouchement, celles de l’épisiotomie ; elles s’ajoutent à mon épuisement grandissant autant moral que physique. Un compte-rendu écrit de mon accouchement m’apprendra, 8 jours plus tard, que j’ai perdu 1 litre de sang lors de mon accouchement. Il a même fallu me perfuser.

Je n’ai pas le droit de prendre mon bébé dans mes bras quand je fais quelques pas dans le couloir de la maternité : “Attention madame, elle est fragile ». Je suis pressée de rentrer chez moi et d’échapper à un lot de rites que je juge agressifs. Je me sens alors si fragile. On m’a intimé l’ordre de réveiller ma fille de force pour la nourrir. Je trouve ça laborieux et même cruel.

Enfin à la maison

Enfin chez moi, je retrouve une certaine tranquillité mais je reste seule face à mon allaitement. Ma mère assure que ma fille a faim, que je n’ai pas assez de lait, que c’est comme ça et qu’il faut que je me résolve à donner le biberon. Le pédiatre en rajoute et rejoint les dires de ma mère. Pour autant, je ne parviens pas à abandonner au profit du lait industriel et j’ai recours à un tire-lait pour offrir un peu plus de lait à mon bébé. J’obtiens alors 40 ml de lait avec difficulté. N’ai-je donc réellement pas assez de lait pour ma fille ?

Mon embarras ne s’arrête pas là. Des crevasses sont apparues et me font terriblement souffrir. Je suis prête à abandonner à tout bout de champs. Mes nuits sont courtes, difficiles. Ma petite puce demande à téter sans cesse. Malgré tout, je ne me résous pas à donner ce fameux biberon. Je m’inquiète que mon bébé ne se retrouve perdu entre le sein et la tétine. Je tiens 3 semaines ainsi. Je sens au fond de moi que, malgré tout, mon lait est ce qu’il y a de meilleure pour elle. Son papa est à mes côtés et il est à peu près aussi démuni que moi. Pour lui, j’ai de la chance dans ma peine : j’ai tout de même du lait, c’est moi la maman, c’est moi qui sait.

Pourtant je suis perdue. A bout de force, de fatigue, de douleurs, je me morcelle. Je décide de jouer une dernière carte, et si ça ne va toujours pas, je lâcherai.

J’appelle une consultante en lactation

Et là, alors que j’ai le sentiment d’être au bout du bout, prête à renoncer à contrecœur, à constater mon échec, je trouve enfin le soutien dont j’avais tant besoin. Comme par miracle, assise dans mon canapé à expliquer comme je lutte, comme j’ai mal, comme ma fille pince, je constate qu’elle tète “pour de vrai” et sans me blesser. Il aura fallu 3 semaines pour que ça se mette en place. J’aurai mis 3 semaines à trouver le soutien adéquat, et une bienveillance sincère à mon égard.

Je rassemble les conseils de cette consultante. Je troque mon tire-lait pour un modèle plus adapté. Je mets mon bébé au sein de façon plus harmonieuse et j’ajoute à mon régime quelques compléments alimentaires. Peu à peu, je retrouve la confiance que je perdais.

Le chemin – une véritable lutte finalement – a encore duré quelques semaines. Au moindre temps libre, je tirais mon lait. Mon ami prenait le relais la nuit pour que je me repose entre deux tirages. Les tétées étaient nombreuses, et complétées par mon lait tiré. Et tous ces efforts ont fonctionné. Petit à petit, le tire-lait est devenu l’allié de ma victoire. Les flacons de recueil se remplissaient aisément et ma fille pouvait à présent boire sans efforts.

Mon couple a souffert de ce surcroît de fatigue, c’est vrai, mais quelle joie d’arriver à dépasser toutes ces épreuves, à allaiter sereinement mon enfant, à percevoir le soutien sans faille et sans doute de mon conjoint. Aussi quand à l’aube des 2 mois et demi de ma fille – la fin du congé maternité français, j’ai eu le droit à « Il est temps de penser au sevrage », « Quand est-ce que tu arrêtes de l’allaiter ? » j’ai naturellement rétorqué : « Arrêter l’allaitement ? C’était enfin rôdé, enfin simple. Je n’ai pas fait tout ça pour arrêter maintenant ». et j’ai pu poursuivre mon aventure lactée aussi longtemps que je l’ai souhaité, avec le soutien indéfectible de mon compagnon.

allaiter au rythme de la vie d’artiste

Je suis Malvina, comédienne et maman de 2 enfants de 5 ans et 10 mois. J’alterne des temps de chômage et des périodes de travail très intenses avec des journées de plus de 12h, parfois hors du domicile pendant plusieurs jours ou semaines. L’allaitement est donc rythmé par ce mode de vie un peu particulier.

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Allaitement de mes twincess

Ci dessous vous trouverez le récit d’Elodie, maman de Céleste et Amélia.

Mon parcours de maman a démarré fort : 4 fausses couches consécutives et enfin une grossesse menée à terme. Lors de l’échographie de datation, on détecte une grande poche et deux vésicules vitellines contenant chacune un bébé. Je vais avoir des jumeaux !

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ÉCOUTER CETTE PETITE VOIX INTÉRIEURE

Les bonheurs et les difficultés rencontrées pendant la maternité et l’allaitement, la découverte du soutien de mère à mère au sein d’une association de mère à mère ont donné envie à Cécile, maman de trois enfants de se former et d’aider à son tour les futurs parents et les jeunes parents. Aujourd’hui, elle nous parle de sa vision de l’allaitement.

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Je suis d’origine étrangère et j’ai souhaité allaiter en France 

Rūta est une jeune maman d’origine lituanienne mariée à un français et qui vit en France depuis 5 ans.

D’origine lituanienne, je suis maman d’une fille de 3 ans que j’ai souhaité allaiter en France. L’allaitement maternel exclusif, à la demande et de longue durée est tout à fait considéré comme normal dans mon pays. Les femmes de mon entourage à savoir mes 3 soeurs, mes cousines, mes amies ont allaité leurs enfants pendant 2 ou 3 ans. Pour moi, il s’agissait de quelque chose de naturel, et je n’ai même pas envisagé d’autres possibilités. Allaiter était une évidence.

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Mon allaitement ou la puissance de mon instinct

Merci à Juliette, 27 ans, maman d’une petite Lise, pour son témoignage.

Maman d’une petite fille de 20 mois (déjà), j’ai vécu de grands chamboulements depuis sa naissance. J’ai souffert d’une dépression post-partum, qui a ensuite laissé place à une très longue et profonde « matrescence ». Des mois compliqués au cours desquels j’ai eu du mal à être en phase avec moi-même et mon entourage. Mais si je me suis posée mille et une questions – et que je m’en pose toujours d’ailleurs -, il y a bien un sujet sur lequel je n’ai jamais douté : je souhaitais allaiter mon enfant, et le faire aussi longtemps que chacune de nous y prendrait du plaisir.

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Témoignage authentique d’un allaitement dit long

Témoignage de Florie, sage-femme libérale, maman de 2 enfants. Elle tient à accompagner les jeunes mamans , libérer la parole sur les difficultés et la pression que les mamans doivent supporter.

Dès le début de ma première grossesse, j’ai su que je voulais que mon bébé soit allaité. La première tétée a été magique, encore au coeur de l’émotion de l’accouchement, de cette découverte incroyable du visage de son bébé, de sentir son petit corps sur mon ventre et non plus dedans. Et la jolie surprise de découvrir que l’on venait d’accueillir notre première petite fille. La tétée de bienvenue s’est très bien passée, la miss a tétée dès le début comme une chef. J’ai la chance d’avoir eu deux allaitements qui ont démarré sans difficulté. Dès les premiers jours j’ai pu profiter de mon bébé collé à moi et lui offrir les tétées à volonté sans appréhension. Sans me fixer d’objectif ou de limites, je me disais que ce serait difficile pour moi si l’allaitement devrait s’arrêter avant 6 mois. Cette période est passée à tout vitesse et nous voilà à fêter le demi anniversaire de la princesse. La question du sevrage ne s’est pas posée. Tout se déroule si naturellement que je me suis mise à rêver d’un allaitement de 9 mois, puis pourquoi pas un an ?

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L’allaitement m’a donné confiance en moi

Juliette est la maman de Tim 6 ans et 4 ans qu’elle a tous deux allaités avec bonheur et même co-allaités à un moment donné. Elle s’est approprié des notions de maternage proximal : co-dodo, écoute des pleurs de ses enfants pour les accueillir lorsque c’est possible. Son postulat est : “Avant, j’avais des principes, maintenant je suis maman !”

Elle nous relate son premier allaitement.

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Le sevrage « naturel » ?

Claire, maman de Pia et de Lou.

Autour des deux ans de ma fille aînée, il y a eu un moment crucial où j’ai pris la décision de la sevrer de nuit. J’avais dépassé mon seuil de disponibilité nocturne. Depuis plusieurs semaines les réveils s’étaient de nouveau multipliés, si bien que j’allaitais ma fille la nuit à la même cadence que celle d’un nouveau-né. J’ai eu l’impression d’être ce hamster qui tourne indéfiniment dans sa roue, et j’ai réalisé que je n’y trouvais plus de joie. Du tout.

Pourquoi est-ce que je m’infligeais ça ? Pourquoi persévérais-je à partager mon corps épuisé alors que je souhaitais de tout mon cœur retrouver un peu d’intimité ?

Jour après jour, mois après mois, l’allaitement long avait nourri à la fois mon bébé et mon estime de moi. Je me sentais compétente, généreuse, nourricière et j’aimais vraiment cette relation de corps à corps avec mon enfant. Jusqu’à ce que j’ose regarder en face mon découragement. Comme un zombie, je soulevais automatiquement mon tee-shirt plusieurs fois par nuit pour donner le sein. J’étais devenue une machine. Subitement j’ai recontacté mes propres désirs, mes limites, et j’ai réalisé que je m’engluais dans une aventure qui ne me convenait plus. J’étais à la fois frustrée et triste de ce constat. J’ai aussi eu très peur de l’accoutumance. Peur de voler à ma fille sa belle autonomie. Peur de la rendre dépendante de sa maman-toute-puissante-au-sein-illimité.

Une fois cette résolution de sevrage partiel adoptée, je me suis sentie libérée et plus forte.

J’avais trouvé un moyen extérieur simple pour soutenir cette révolution : « quand la lumière est éteinte, on dort, quand il fait jour, tu peux téter ». Mais les habitudes ont la vie dure… la nuit où mon voisin a allumé sa lumière à 3 heures du matin, j’ai entendu, mi-amusée mi-dépitée, un victorieux « il fait jour, on peut téter ! ».

Les interruptions nocturnes n’ont pas diminué magiquement, au contraire : pendant une période j’ai encore moins dormi que lorsque j’allaitais. Je proposais à présent à chaque réveil de ma fille, au choix et à volonté, de l’eau, une caresse, une chanson, un câlin, ou simplement l’écoute de sa frustration gigantesque. Petit à petit, et à mon grand soulagement, ma fille a trouvé ses ressources pour se rendormir sans le sein, et moi les miennes, pour sortir de la culpabilité de sevrer mon enfant. J’ai même éprouvé une certaine fierté de m’être offert ce grand oui, celui de m’apporter un peu de répit. Et j’ai savouré la légèreté de mon corps aux contours retrouvés.

J’ai continué d’allaiter ma fille aînée la journée, pendant près d’un an, au rythme qui nous convenait, jusqu’au jour où au petit déjeuner, de but en blanc, elle m’a suggéré joyeusement « dis maman, si on arrêtait le sein ? ». Elle avait eu sa dose lactée, et elle était capable de s’en passer désormais. Elle prenait son envol, de son plein gré. Je l’avais sevrée de nuit, elle s’était sevrée de jour. De mon côté, j’avais eu ma dose aussi, depuis un bon moment d’ailleurs. De nouveau enceinte de quelques mois, mes seins sensibles rendaient chaque tétée inconfortable, voire douloureuse. Et pourtant je tenais à donner à ma fille la responsabilité de la fin de son allaitement. Sans doute un peu à mes dépens.

J’ai amorcé le sevrage de nuit de ma seconde fille il y a quelques mois, déterminée et flexible. Lors d’un de ses gros rhumes, j’ai préféré assouplir ma décision, dans un souci d’efficacité pour moi et de bien-être pour elle.

Est-ce que je patienterai jusqu’au sevrage naturel de jour, comme je l’ai fait pour mon aînée ? Je ne sais pas. En tous cas, je reste attentive à ses besoins et aux miens, et je fais le vœu que nous parviendrons à inventer, ensemble, le sevrage sur-mesure qui sera doux pour nous deux.

Allaiter comme une évidence

Dorota, est polonaise. Elle vit en France depuis 1996. Elle a travaillé dans le milieu de cinéma comme décoratrice/ensemblière et elle a choisi de s’occuper à plein temps de son fils Theo qui a 22 mois.

Dorota : la question d’allaiter mon enfant ou pas ne s’est jamais posée. Tout comme les femmes de ma culture, ma mère m’a allaité, ainsi que mon frère. Je viens de Pologne où l’allaitement est ancré dans notre tradition. Ainsi, c’était pour moi naturel, logique, biologique, une évidence : mes seins sont faits pour ça.

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Le don du sein

Un petit message de Claire, maman de deux enfants, à ces seins :

Chers sacro-seins,

Merci pour cette montagne de lait, cette source jaillissante qui a nourri mes enfants des mois durant.

Garde-manger, fast-food et restaurant étoilé, je m’incline devant votre créativité. Ouverts 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, vous vous êtes engagés à produire local, de saison et varié, une prouesse digne des plus grands chefs cuisiniers. Repas, collation, grignotage, pause-café, casse-croûte, en-cas, goûter, banquet, buffet à volonté, vous étiez partout, tout le temps.

Merci pour votre présence aimante auprès de mes filles pendant des années.

Vous les avez accueillies tel un canapé cosy dans lequel il est si bon de se lover. Vous les avez câlinées et accompagnées dans le sommeil, des milliers de nuits d’affilée. Vous avez essuyé des larmes, soigné des bobos, apaisé des émotions fortes et chassé des cauchemars. Mes filles vous ont caressés, admirés, appelés par des petits sobriquets. L’une d’elles, vers 3 ans, m’a même joyeusement dicté cette lettre – que je retranscris mot pour mot – pour vous remercier : « Merci, sein, de m’avoir rassurée. Merci au fond du coeur de m’avoir rassurée quand je pleurais, quand j’avais un chagrin. Merci de quand j’étais petite parce que j’avais besoin du sein et j’avais pas de biberon. Merci pour le bon lait de mamounette. » Vous récoltez les graines d’amour que vous avez semées, je suis émerveillée.

Merci d’avoir tout donné, sans compter, même quand vous étiez vidés en fin de journée.

Un temps, je me suis même oubliée dans la maternité : vous avez dissolu mon identité, brouillé les frontières de mon être tant je vous ai partagés. Vous avez été annexés par l’une de mes filles, si bien que par moments je ne savais plus vraiment si vous étiez mes seins ou les siens. J’ai cru disparaître à force de donner. Pour renaître, renouvelée. Et réconciliée avec ce que vous êtes : multifacettes. Sein trophée, sein parfait, sein qui fait sa part, sein maternisé, sein nourricier, sein contributeur, sein désiré, sein désirant.

Merci pour votre chemin de résilience.

Vous vous êtes métamorphosés douloureusement : vous avez changé de taille, gonflé et dégonflé. Vous avez durci comme du béton et j’en ai pleuré. Vous vous êtes engorgés, je vous ai massés, on en a bavé. Vous en avez vu de toutes les couleurs, mes seins patriotiques : veinés de bleu, gorgés de blanc, écorchés rouge vif.

Merci de m’avoir coachée.

Grâce à vous j’ai osé traverser la honte, lorsque vous avez giclé sans prévenir au mauvais endroit au mauvais moment (très embarrassant). Grâce à vous j’ai su mettre ma pudeur de côté pour parer au plus pressé et allaiter sans aucune intimité. J’ai osé vous regarder et vous montrer, pour soigner un canal bouché. Vous avez rendu ses lettres de noblesse à mon corps, longtemps malmené, ignoré. Vous m’avez aidée à gagner confiance en moi, à prendre de l’assurance, et mes responsabilités.

Aujourd’hui, vous êtes fanés et j’aime votre fragilité. Vous êtes comme ce fauteuil club tanné : votre forme défraîchie est le miroir du service maternel accompli. J’éprouve de la tendresse pour toutes les plumes que vous y avez laissées, ce sont celles qui ont caressé les joues de mes bébés. Vous avez traversé les âges avec courage et j’ai de la compassion pour les aspérités dont vous êtes marqués. Je vous aime, comme vous avez aimé mes enfants.

Même si parfois je suis nostalgique de vos 20 ans.

Reprendre le travail sans suspendre l’allaitement

Ma reprise de travail approche, mon bref congé parental de 2 mois à l’issue de mon congé maternité vient de se terminer. Notre situation financière et le développement de ma carrière professionnelle m’obligent à reprendre très vite mon poste à 100 %. J’ai la chance de pouvoir prendre quelques jours de vacances pour me projeter et décider de la suite de mon allaitement.

Mon bébé a bientôt six mois ; j’ai déjà réussi à faire face à de nombreux obstacles. La reprise du travail représente pour moi une véritable source de stress : je suis envahie par de nombreuses questions et en même temps profondément motivée et convaincue que je ne dois pas abandonner l’allaitement. 

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Je suis bilingue en allaitement

Voici le témoignage de Claire, maman de deux enfants.

J’ai 7 ans, je viens d’emménager en Allemagne avec ma famille, et je passe un test de niveau de langue. Je dois préciser si j’ai identifié tel ou tel mot d’allemand dans l’enregistrement que je viens d’écouter. Aucune idée. Ce que j’ai entendu était une longue suite de sons indifférenciés et incompréhensibles.

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Comment j’ai vaincu une baisse de lactation

Agathe, la maman de Gabriel nous livre son témoignage.

Cela faisait 3 mois que j’allaitais mon bébé. Tout se passait à merveille ! Un à deux réveils la nuit seulement, un plaisir partagé, même avec le papa.

Et voilà que durant son 4ème mois, mon petit garçon commence à se tortiller à chaque fois que je le mets au sein, il râle, il veut sans cesse les bras. Je sentais bien qu’il y avait un problème. Ni une, ni deux, je prends un rendez-vous avec ma consultante en lactation.

Peut-être qu’il a faim votre bout de chou ?”. Ma lactation s’était tarie à tel point que Gabriel n’était pas du tout rassasié aux tétées. Ce qui avait provoqué cette baisse de production était clairement une grosse fatigue due à un stress, mais aussi le fait que je ne le mettais pas assez au sein. En effet, dès sa naissance, j’avais de véritables fontaines accrochées à ma poitrine ! A chaque pesée à la maternité, il avait pris tellement de poids que les sages femmes étaient étonnées qu’il ne soit nourri qu’au sein. ” Eh ben ! La cantine est bonne!”, m’étais-je entendu dire.

Du coup, il tétait beaucoup en quantité mais peu souvent. Or moins l’enfant est mis au sein et moins les réserves abondent…Nous l’avons pesé et sa courbe de poids était dans la zone rouge. Je me suis sentie tellement mal. Mauvaise mère qui n’avait même pas remarqué que le problème était qu’il avait faim. Désespoir total.

– Mon challenge : faire remonter sa courbe de poids en 1 semaine et reprendre confiance.


– Comment ? : Au sein toute la journée pour stimuler la lactation. Si rien ne sort, la simple succion est déjà formidable pour le processus de redémarrage ! S’il dort, utiliser le tire-lait dans le même but.


– S’il a faim, qu’il n’est pas satisfait ? : lui donner un complément de lait. Par chance, j’avais du stock au congélateur et durant cette période de “remise en forme”, j’ai toujours pu lui donner de mon lait.

Dit comme ça, ça paraît simple. Pas de quoi s’affoler ou désespérer. Mais en fait, j’ai vécu un moment terrible, bourré de doutes, de craintes, et de désespoir. Je ne voulais surtout pas arrêter de le nourrir au sein. C’était tellement important pour moi. J’en étais à un moment où je m’étais fixé 6 mois minimum d’allaitement et voulais aller au moins jusqu’à cette limite. Or mon bébé était au bord de la grève du sein, qui peut conduire au rejet total.

Ma consultante en lactation m’a énormément aidée, mais sans le soutien de mon compagnon, qui avait compris mon projet d’allaitement et qui m’encourageait, me consolait, me rassurait, je ne pense pas que j’aurais réussi. Son rôle a été crucial. C’était devenu une affaire de famille.

La semaine suivante, comme prévu, le cœur battant, je suis retournée le faire peser… il avait dépassé largement le minimum attendu ! Si j’avais écouté le médecin qui me disait que je n’avais tout simplement plus de lait, que ça arrivait, que ce n’était pas un drame, qu’il fallait penser à la santé de l’enfant avant tout et que je n’avais pas eu cette petite flamme de volonté, je serais directement passée au lait artificiel, la mort dans l’âme. D’ailleurs, le mois suivant, en voyant une courbe de poids plus que satisfaisante, il a fait les yeux ronds quand je lui ai dit que mon bébé était toujours nourri exclusivement au sein. Hi hi… petite victoire personnelle…

J’ai souvent entendu : “Oh, moi j’ai dû arrêter très vite car je n’avais pas assez de lait“.

Après cette épreuve, je peux dire à ces mamans qu’elles n’ont juste pas trouvé la bonne personne pour les guider et les soutenir dans ce moment. Car oui, la lactation ne se tarie totalement que 40 jours après la dernière tétée ou dernier tirage de lait. Certes il faut non seulement être au courant mais aussi avoir une sacré volonté et du temps à consacrer à ça. Je comprends les mamans qui pour n’importe quelle raison, et qui sera toujours valable, arrêtent l’allaitement devant ce genre de situation. Tout le monde n’en n’a pas l’envie, le courage, le temps ou les moyens. Par contre, si mon témoignage ne servait à donner un peu d’espoir et de courage qu’à une seule maman qui vivrait la même chose avec son bébé, avec les mêmes envies et possibilités d’y arriver, j’en serais ravie !

L’allaitement, source de réseau social

J’ai commencé à allaiter un certain 7 décembre, à la naissance de mon fils. Cela est venu à moi comme une évidence. Je n’avais aucune expérience en la matière. Je n’y étais pas préparée et dans mon entourage personne ne l’avait fait, surtout pas ma mère qui était de la génération où les biberons avaient sauvé les femmes au nom d’un certain féminisme.

La sage-femme qui m’avait suivie pendant ma grossesse et durant mon accouchement ne m’avait pas bien préparée à cette activité quotidienne qui m’attendait. Dès le début, sans rien savoir, je mettais simplement mon fils, au sein, quasiment toute la journée. Et c’est seule que j’ai vécu la montée de lait, trois jours après. Je me suis également débrouillée sans aide avec le tire-lait. Le modèle que l’on m’avait loué n’était pas le plus adapté pour moi mais je l’ignorais à ce moment-là. Que d’expériences déstabilisantes, de moments de solitude, de sentiments d’être novice !

Heureusement, mon entourage m’a conseillé de rentrer en relation avec la LLL (La Leche League). Ce fut une merveilleuse opportunité. Grâce à internet, j’ai pu rencontrer d’autres femmes, lire leurs témoignages, demander des conseils, les appeler, et même leur demander des services ou en rendre moi-même par ce biais… Oser aller vers des inconnues qui partageaient avec moi les joies et les inquiétudes légitimes de la maternité, quel cadeau ! Enfin, je ne me sentais plus seule. J’apprenais qu’il existe plusieurs groupes de soutien de mamans. J’avais la possibilité d’échanger par messagerie privée par internet et nous pouvions nous rencontrer physiquement de façon régulière selon les besoins de chacune. Ce principe très chaleureux m’a tout de suite plu. Et quand bien même il n’existait pas de groupe physique à côté de chez moi, j’ai pu rejoindre un groupe de mamans allaitantes.

La qualité des échanges, la disponibilité de chacune m’ont fait le plus grand bien. Quand on materne un nourrisson, on se pose une multitude de questions et pouvoir lire les messages la nuit, lors des insomnies, échanger en allaitant, savoir que l’on n’est pas seule, est vraiment précieux. Et si on a la chance de pouvoir se déplacer à des réunions et rencontrer d’autres mamans en sachant qu’on y sera reçue avec son bébé, ses autres enfants le cas échéant et son conjoint, c’est encore mieux. Que de ressources alors à ma portée ! Je me suis tout de suite sentie moins seule.
En outre, se sentir accueillie comme on est, sans jugement, avec bienveillance et être écoutée, c’est si rare. D’autres mamans avaient des vécus et des questionnements proches des miens ; je pouvais m’identifier, et être soutenue et épaulée aussi. C’est inégalable !

Ce réseau m’a permis de continuer mon allaitement, de conjurer certaines peurs. Ça m’a rendu plus forte. L’échange s’est même étendu bien au-delà de messages cordiaux. Il est devenu une source de bien-être et de confiance en moi !

J’ajoute que j’ai fait rayonner ce que mon réseau de mamans m’apportait. C’est ainsi que je me suis sentie en confiance pour allaiter au parc, au restaurant. Et cela s’est traduit par des regards émerveillés, admirateurs. Certaines femmes exprimaient même leur gratitude de pouvoir être témoin d’un tel spectacle simple et naturel d’amour et de lien.

Il se trouve aussi que nous venions tout juste d’emménager dans une nouvelle résidence. Mon allaitement a été le moyen de tisser un lien rapide et même intime avec les jeunes mères résidentes qui allaitaient elles aussi. Quel bonheur de partager ensemble nos astuces, nos lectures, en plus des habits d’enfants. De ce fait, je suis même devenue une référente auprès de mes amies, qui n’ont pas hésité ensuite à venir me demander conseil. Cela a créé une proximité incroyable.

Et ce sujet se déploie au-delà de notre sphère intime puisque je me suis sentie libre de l’évoquer auprès de praticiens soignants (ostéopathe, dentiste…). L’allaitement ne laisse certainement pas indifférent. Il peut même créer des connexions inattendues.

[Biographie] :


Juliette, maman de Tim 5,5 ans et 3,5 ans qu’elle a tous deux allaités avec bonheur et même co-allaités . Son postulat est : “Avant, j’avais des principes, maintenant je suis maman !”

« Confinement et allaitement »

#restezàlamaison .

Chacun suit à la lettre les recommandations du gouvernement, plusieurs semaines de distanciation sociale, plusieurs semaines au ralenti afin d’être vigilant pour tous. Et l’allaitement dans tout cela, comment les femmes vivent-elles leur allaitement ? Que se passent-ils pour elles ? Nous échangeons aujourd’hui avec des mamans pour qui l’allaitement avait déjà démarré avant le début du confinement.

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