ÉCOUTER CETTE PETITE VOIX INTÉRIEURE

Les bonheurs et les difficultés rencontrées pendant la maternité et l’allaitement, la découverte du soutien de mère à mère au sein d’une association de mère à mère ont donné envie à Cécile, maman de trois enfants de se former et d’aider à son tour les futurs parents et les jeunes parents. Aujourd’hui, elle nous parle de sa vision de l’allaitement.

Mes trois enfants ont respectivement 13, 5 et 3 ans aujourd’hui. J’ai découvert l’allaitement avec mon second enfant. Lors de ma première grossesse, je n’étais pas sûre d’avoir envie d’allaiter, je souhaitais lui donner la tétée d’accueil et puis ensuite, voir si j’allais continuer ou non, si cela me plairait. Mais un accouchement long et compliqué, un bébé endormi, une tétée d’accueil ratée… et un accompagnement insuffisant ont mis fin à ce premier allaitement avant même qu’il n’ait débuté. Ce fût pour moi un échec.

Pendant toutes ses longues années à essayer d’avoir un second enfant, mon souhait d’allaiter devenait de plus en plus important. Quand je suis tombée enceinte, il était évident que j’allaiterais ce bébé… mais j’étais loin d’imaginer ce qui m’attendait…

Dix jours avant mon accouchement, mon mari a fait un infarctus. A partir de ce moment-là, je me suis mise dans ma bulle, mon objectif était de maintenir le cap, de protéger au mieux mon fils ainé et ce bébé qui allait arriver parmi nous. Il était impensable pour moi d’accoucher sans mon mari. Cette épreuve a renforcé mon désir d’allaiter malgré les paroles décourageantes de mon entourage : « Avec ce qui t’arrive, es-tu sûre de vouloir et de pouvoir allaiter ? », « Tu vas avoir beaucoup de choses à gérer toute seule, ce serait plus simple de donner le biberon », « Tu es épuisée, l’allaitement va t’épuiser encore plus », « Tu sais, moi je n’ai jamais eu assez de lait, alors toi, dans ta situation… ».

Mon mari a eu la possibilité d’assister à l’accouchement mais il n’avait pas la force de m’aider à gérer ce bébé. L’accouchement s’est bien passé, bébé a trouvé le chemin du sein très rapidement, quel bonheur de pouvoir vivre la tétée d’accueil !! Ma montée de lait est arrivée au bout de trois jours, mais mon bébé me blessait les mamelons, les crevasses sont vite apparues, les tétées étaient difficiles, mon fils ne prenait pas très bien le sein, les tétées n’étaient pas sereines, il pleurait beaucoup. Le personnel soignant était présent à chaque mise au sein, me prenant le sein et tenant la tête de mon bébé jusqu’à ce qu’il le prenne. J’étais gênée de cette intrusion dans mon intimité et je me sentais tellement incompétente lors des mises au sein. Mon bébé avait tendance à s’étouffer, à régurgiter des glaires par la bouche et par le nez. Mon bébé tétait de moins en moins, était endormi. Je me sentais démunie, incapable de nourrir ce bébé… J’étais épuisée, pleurais beaucoup.

A la maternité, très vite le personnel soignant m’a dit qu’au vu des conditions, je devais me reposer, qu’il fallait que je laisse mon bébé les nuits en nurserie, ils ne m’ont pas laissé le choix. J’ai commencé à tirer mon lait, même si aucune goutte de lait ne sortait, mes seins étaient très tendus et douloureux au point de ne plus pouvoir les toucher… Et j’entendais mon bébé hurler de l’autre bout du couloir, j’ai demandé à ce qu’il dorme auprès de moi, le personnel me disait que tout allait bien, que je devais me reposer… que je verrais mon bébé le lendemain matin. Le matin, mon bébé était épuisé d’avoir tant pleuré… Je me suis sentie impuissante, incapable de m’occuper de ce bébé que j’avais tant désiré… Et pourtant, au fond de moi, il était impossible de renoncer à cet allaitement.

J’ai contacté la sage-femme avec qui j’avais suivi les cours de préparation à l’accouchement. Elle a entendu ma détresse et m’a mis en contact avec une personne bénévole dans une association de soutien à l’allaitement. Cette écoute, les conseils bienveillants donnés par cette femme m’ont fait un bien fou, m’ont redonné le courage de continuer cette belle aventure avec mon bébé.

Au bout de 5 jours, nous sommes rentrés à la maison, avec une ordonnance pour une boite de lait « pour le cas où » et quelques biberons de lait tout prêts. Nous avons pris rendez-vous vers un ostéopathe qui a travaillé sur les cervicales et le ventre de mon bébé. Cela a fait son effet puisque les tétées étaient plus faciles, mon bébé tétait mieux et mes crevasses se sont résorbées. Ma lactation s’est mise en place. Mon bébé prenait du poids et semblait plus serein et moi-aussi. J’ai repris confiance en moi et au fait que j’étais capable d’apporter à mon bébé tout ce dont il avait besoin.

Allaiter mon bébé m’a appris à écouter ma petite voix intérieure, à suivre mon instinct et m’a permis de tisser un lien unique avec mon enfant. Lien d’autant plus important pour moi que les conditions de sa naissance ont été difficiles. Même si au départ, je me disais « quand mon bébé sera diversifié…quand il marchera… j’arrêterais de l’allaiter »… Je n’ai jamais trouvé de bonnes raisons d’arrêter. Je savais au fond de moi que j’allaiterais jusqu’à ce que mon bébé ou moi-même ne le souhaite plus. Et cette belle histoire a duré jusqu’au jour ou naturellement il n’a plus demandé à téter.

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