Je suis d’origine étrangère et j’ai souhaité allaiter en France 

Rūta est une jeune maman d’origine lituanienne mariée à un français et qui vit en France depuis 5 ans.

D’origine lituanienne, je suis maman d’une fille de 3 ans que j’ai souhaité allaiter en France. L’allaitement maternel exclusif, à la demande et de longue durée est tout à fait considéré comme normal dans mon pays. Les femmes de mon entourage à savoir mes 3 soeurs, mes cousines, mes amies ont allaité leurs enfants pendant 2 ou 3 ans. Pour moi, il s’agissait de quelque chose de naturel, et je n’ai même pas envisagé d’autres possibilités. Allaiter était une évidence.

Avant la naissance de ma fille je ne me suis pas préparée particulièrement. Toutefois, j’ai lu un livre concernant l’allaitement que ma soeur m’avait donné pour libérer sa bibliothèque. Cela me permettait d’en savoir davantage sur les bienfaits de l’allaitement, mais cela n’a pas vraiment influencé mon choix.

Ma fille est née le 2 Novembre 2016 et je l’ai allaitée exclusivement pendant 2 ans. C’était une période assez longue, pas tout le temps simple, mais très belle !

La tétée était un moment très intime et agréable pour nous deux, plein d’amour et de chaleur. Ma fille s‘endormait au sein, se tranquillisait en tétant si elle ne se sentait pas bien ou avait mal. La tétée lui a apporté beaucoup de sécurité, de plaisir, et d’apaisement. Pour ma part, j’aimais ce contact avec ma fille. Même si pendant cette période j’ai parfois manqué de sommeil, je me suis sentie plus détendue, heureuse et en harmonie. Quand ma fille a eu 1 an, j’ai croisé une amie que je n’avais pas vue depuis presque deux ans. Elle m’a trouvé plus belle qu’avant ma grossesse ! On dit que l’allaitement sert à répondre au besoin affectif (de chaleur, d’amour, de sécurité) de l’enfant, mais je suis persuadée que cela contribue aussi au bien-être de maman.

Toutefois, pendant cette période, j’ai rencontré certaines difficultés. Premièrement, j’ai manqué d’accompagnement dans ce projet. En effet, le personnel médical était bienveillant et a essayé de m’aider, mais malheureusement les conseils qui m’étaient donnés n’ont pas marché. Comme beaucoup de jeunes mamans j’ai été confrontée à des problèmes de lactation en les suivant.

Ma montée du lait n’ a eu lieu que le quatrième jour après l’accouchement. A l’hôpital où j’ai accouché, le personnel m’avait conseillé de ne pas laisser ma fille plus de 10 minutes au sein, pour ne pas risquer d’abîmer mes mamelons. De plus, elle dormait beaucoup la journée. Le troisième jour, elle avait perdu plus que 10 % de son poids de naissance. Par conséquence, le personnel m’a indiqué de lui donner un biberon de lait en poudre au lieu de simplement mettre mon enfant plus souvent au sein pour favoriser la lactation. Finalement, je suis sortie de l’hôpital le cinquième jour en allaitant exclusivement, mais mes problèmes de lactation ne se sont pas arrêté là.

A trois semaines, ma fille a commencé à faire des nuits de 7 heures ce qui semblait très bien au premier abord. J’étais contente de pouvoir bien dormir la nuit. Tout le monde m’a félicité, et estimé que c’était très bien. Par contre, ma famille et mes amies se montraient étonnées, car dans mon pays, en général, les enfants de cet âge (et même la plupart de l’âge d’1 an) ne font pas leurs nuits.

Par conséquent, à l’âge de 2 mois j’ai commencé à manquer de lait et ma fille ne prenait plus assez de poids. Le pédiatre comme le personnel de PMI m’ont conseillé de ne pas la réveiller la nuit et de favoriser la relactation en tirant mon lait plusieurs fois par jour après la tétée. Mais malgré ces efforts, les résultats n’ont pas été au rendez-vous. Finalement, j’ai résolu ce problème en réveillant ma fille 2 nuits d’affilée pour qu’elle tète. Dès le lendemain j’ai remarqué avoir plus de lait et ma fille a recommencé à prendre suffisamment de poids.

Paradoxalement, dans ce projet j’étais mieux accompagnée par ma famille n’ayant pas les connaissances reconnues dans ce domaine que par les professionnels de santé consultés à cette époque. C’étaient mes soeurs qui m’ont conseillé de laisser mon enfant le plus longtemps possible au sein après l’accouchement, de ne pas donner d’autre type de lait et réveiller ma fille la nuit pour qu’elle tète. Grâce à elles, je suis arrivée à résoudre tous ces problèmes et continuer mon allaitement.

Plus tard, j’ai eu l’impression que l’allaitement de longue durée n’est pas bien vu dans la société française. Ma belle-famille française était étonnée que j’allaite aussi longtemps. Il m’est arrivé d’entendre des commentaires désobligeants de la part de femmes âgées quand j’allaitais ma fille alors âgée de 11 mois au terrain de jeux. Le fait d’allaiter un enfant de 2 ans a choqué mon médecin généraliste, ainsi qu’un dermatologue et un dentiste que j’ai consultés à l’époque. De ce fait, j’ai commencé à éviter de l’allaiter dans les endroits publics et d’en parler spontanément.

Mais à part ces petites difficultés et quelques regards pas toujours bienveillants, je trouve mon projet d’allaitement réussi. Cette expérience unique nous a apporté beaucoup d’émotions positives et a permis d’établir une relation particulière. Je sais que j’allaiterai aussi mon deuxième enfant !

2 réflexions sur « Je suis d’origine étrangère et j’ai souhaité allaiter en France  »

  1. Bravo pour votre allaitement ! Et désolée que vous ayez eu à subir la frilosité française quant à l’allaitement, surtout long. Je ne parle pas d’expérience, car j’allaite mon premier enfant, de 4 mois, et pour l’instant je n’ai presque pas reçu de remarques mitigées, mais j’appréhende un peu leur augmentation à prévoir avec la prise d’âge de ma fille.

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