Je suis infirmière et j’allaite

Pas facile de tout gérer : un bébé, l’ allaitement, la reprise du travail, une formation diplômante et les temps de transports !

Voici le quotidien de Charlotte (°) qui vit à 100 à l’heure !

«  J’ai repris le travail quand Elliott avait un mois. Je n’avais pas le choix, je devais aller en cours : je suis infirmière en psychiatrie à 70% de mon temps mais en même temps, je suis étudiante en ostéopathie.

En plus, j’habite loin et j’ai environ une heure de trajet par jour dans les transports. Je suis donc séparée d’Elliott pendant douze à treize heures selon les jours.

Dès mon retour de la maternité, j’ai commencé à tirer pour pouvoir stocker. C’était toute une organisation de mettre au sein et tirer le plus souvent possible, heureusement que le papa était là dans les moments de doute pour me soutenir. J’exprimais mon lait au début toutes les heures.

Ma formation se déroulait sur une semaine par mois. Ces jours-là, je mettais Elliott au sein matin et soir, ainsi que la nuit et je tirais deux à trois fois par jour : pendant les cours ou lors des trajets en bus. J’avais un petit sac réfrigérant et mon tire-lait Calypso qui ne me quittait pas.

Au début, dans le bus, les gens me regardaient avec curiosité ou perplexité mais je n’ai jamais eu de remarques déplaisantes et même l’une ou l’autre fois, j’ai eu un compliment. J’en ressortais encore plus motivée.

Par contre, quand j’ai repris mon travail d’infirmière, j’ai eu plus de difficultés pour trouver le temps de tirer mon lait. Suivant les jours, la charge de travail était si importante que je n’avais même pas le temps de déjeuner. Mes seins étaient tendus et douloureux. Je me dépêchais, alors, de tirer mon lait dès la fin de poste lors des transmissions quand les collègues arrivaient et je m’organisais un deuxième tirage dans le bus peu de temps après.

Parfois, avec certaines collègues, et même si la charge de travail était correcte, elles se faisaient un malin plaisir de m’empêcher de tirer : « Tu devrais arrêter maintenant, ton bébé a 3 mois, le mien n’a jamais été malade alors que je ne l’ai pas allaité… ». Je n’avais pas envie de rentrer dans le débat, je m’éclipsais et allais exprimer mon lait dans les toilettes….

Avec d’autres collègues, c’était totalement le contraire. Elles me poussaient à effectuer plusieurs tirages par poste pour garder une bonne production et elles se chargeaient de gérer le service pendant dix à vingt minutes. Vraiment adorables…

Pendant ce temps, Elliott était avec son papa. Il gérait les quantités de lait maternel, le faisait patienter pour qu’il puisse téter dès mon retour. C’était très difficile pour lui aussi d’entendre Elliott pleurer, d’essayer de le calmer sachant que j’allais passer la porte d’une minute à l’autre et « dégainer » l’arme ultime : le sein. On se tenait au courant par téléphone. Et au final, c’était très efficace!

Aujourd’hui, Elliott a sept mois, il pèse presque 9kg. Je commence à être fatiguée de tirer mais j’ai la joie de voir que ma production est lancée maintenant. Elliott commence à manger autre chose que mon lait, donc je peux diminuer le nombre de tirages.

Pendant tout ce temps, j’ai trouvé cette organisation très contraignante mais quel plaisir en rentrant de pouvoir mettre son enfant au sein ! J’aurai pu accepter bien d’autres contraintes encore pour pouvoir partager ce moment le plus longtemps possible . »

(°) Par souci d’anonymat, les prénoms ont été changés. Ce témoignage est publié avec l’accord de l’intéressée

16 réflexions sur « Je suis infirmière et j’allaite »

  1. Bonjour, je suis puéricultrice en service de réanimation néonatale et j’allaite toujours ma fille de presque 1 an…
    Ma fille n’a jamais voulu prendre aucun substitut de mon sein, aucun biberon ni même avec mon lait à l’intérieur……je n’arrivai pas non plus à exprimer correctement mon lait de toute façon…
    J’ai eu la chance d’avoir un congé maternité de 6 mois (3è enfant et congés) et surtout – et c’est pour cela que je vous laisse ce commentaire – un chéri extraordinaire !! Il m’a soutenu quand le premier mois chaque tétée était une torture tant ma peau était fragile, quand je pleurais de douleur. Il a compris à quel point c’était important pour nous cet allaitement, à quel point c’était naturel et normal, à quel point on avait besoin de son soutien.
    J’ai donc repris le travail lorsque notre fille avait 6 mois, nous avions déjà bien commencé la diversification évidemment, sans cela je n’y serais pas arriver, ne pouvant pas donner mon lait autrement.
    Mon mari lui donnait un yaourt dans le lit lorsque je travaillais de nuit, et j’allais donner mon sein chez la nounou lorsque je rentrais au petit matin (mon mari est infirmier aussi avec des horaires décalés)…
    Je profite donc de votre post pour souligner l’importance des pères dans ces aventures de lait, ils sont si importants ! Merci à mon chéri sans qui cela n’aurait absolument pas pu marcher, (et aussi aux grands frères dont je salue la patience !)
    On ne parle pas assez des pères dans l’allaitement maternel alors messieurs je vous dédicace ce mot ! Votre soutien est primordial !

    1. Tout à fait Estelle, un grand merci aux papas qui soutiennent la maman, le bébé et souvent la logistique autour.

  2. In grand bravo a vous.je suits infirmiere egalement et je tire Mon lait depuis LA reprise dur travail.moi Elle est beaucoup plus grande maintenant maid je continue ces moments partages.bon courage pour LA suite

  3. mon fils a quasi 3 mois j’ai repris il y a 15 jours, je suis militaire et je continue de l allaiter au sein matin et soir et tirage la journée et le soir pour la nounou le lendemain
    collégue hyper compréhensif j ai trouvé un bon rythme et je le fais avec plaisir ça serais trop dur pour moi d’arreter….
    bravo à toutes celle qui continue d allaiter a nos maris qui nous soutiennent et collégues compatissants
    l allaitement c’est un lien magique, un lien unique un moment merveilleux… .

  4. Bonjour, je suis infirmière à l’hôpital. Mon fils a bientôt 4 mois et je vais reprendre le travail dans 2 semaines, ça me motive de lire vos témoignages. Comme vous j’aimerais prolonger cet allaitement, je tire mon lait j’ai commencé à faire un stock au congélateur. J’ai commencé ma période d’adaptation avec la nounou et heureusement mon fils accepte les biberons (de lait maternel bien sûr). C’est vrai que vu la charge de travail quelques fois, je me dis que ça risque d’être difficile de se dégager du temps pour tirer son lait mais pas impossible. Courage à toutes et bonne continuation.

  5. Bonjour, je suis aide soignante en gériatrie et j’allaite toujours mon petit bout de 14 mois. Il n’a jamais reçu de lait artificielle, au début je tirait mon lait à 5h du matin avant de partir au travail , 10h et 14h à la place de mes pauses, un peu anxieuse à la reprise j’était la première à faire cela à l’hôpital, une pionnière. Maintenant une seul fois suffit, j’ai pris un mois à trouver le rythme, maintenant sa va tout seul.
    Le mieux j’ai motivé certaines de mes collègues à tenter cette super expérience, bientôt je ne serait plus la seule de l’établissement.

  6. je suis aussi infirmière et j’allaite, mais les séances de tirage, ça commence à me fatiguer… ma petite a maintenant 9 mois, je peux passer la journée sans tirer et sans inconfort.
    Lorsque je travaille le matin je tire vers 5h avant de partir et vers 13h. Lorsque je travaille le soir je tire vers 11h, 18h et 22h30. Elle ne boit du lait que le matin et le soir mais lorsque je suis là après ses fruits de 4h elle boit du lait, à la source 😉
    Il y a des jours ou je n’ai pas le temps de tirer, comme aujourd’hui …
    Balader le tire -lait, le laver, gérer les stock, essayer d’arriver à la bonne quantité de lait a décongeler pour ne pas gaspiller… C’est quand même plus fatiguant que de remplir des biberons de lait artificiel mais quel bonheur de la retrouver pour ces moment de complicités et de pause au retour du travail ou le matin !

    1. Merci de votre témoignage Juliette,
      Effectivement, l’allaitement au travail demande une vraie organisation.

  7. Merci pour ce témoignage!
    Je suis également infirmière en 12h et en service de réanimation donc une charge de travail énorme! J’aimerais allaiter le plus longtemps possible! Mais toute cette organisation me fait peur et je crains pr ma lactation!
    J’ai pris un 80% donc j’espère pouvoir tenir grâce à Ca!
    Mais entre le boulot, les allers retours le grand frère a géré et tout le reste, ça m’angoisse!
    Donc merci pour tous ces témoignages!

  8. Quel plaisir de lire cette article et les commentaires. Je suis Aide-soignante en rééducation, je reprend le boulot dans 2 semaines et mon petit aura 3 mois.
    Une vrai angoisse pour moi la reprise du travail avec l’allaitement que j’aimerai poursuivre. Pendant la grossesse une conversation avec mes collègues m’a beaucoup troublée, elles ne sont pas pour l’allaitement et encore moins en ayant repris le travail. Donc je vais reprendre en sachant qu’elles sont contre et j’espère qu’elles seront finalement compréhensive..
    j’espère pouvoir trouver le temps de tirer mon lait et que les quantités seront suffisante

    1. Bonjour Coline,
      Nous vous envoyons tout notre soutien et n ‘hésitez pas à faire appel à votre médecin généraliste ou à la médecine du travail pour montrer l’importance d accompagner votre allaitement sur votre lieu de travail.
      Bon courage.

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