Juliette est la maman de Tim 6 ans et 4 ans qu’elle a tous deux allaités avec bonheur et même co-allaités à un moment donné. Elle s’est approprié des notions de maternage proximal : co-dodo, écoute des pleurs de ses enfants pour les accueillir lorsque c’est possible. Son postulat est : “Avant, j’avais des principes, maintenant je suis maman !”
Elle nous relate son premier allaitement.
En décembre 2014, j’ai accouché de mon premier enfant, Tim. Jusque-là, j’avais toujours imaginé que je donnerai le biberon comme on me l’avait toujours conseillé, pour une question de liberté de la femme !
Devenir maman m’a permis de me relier à mon corps, à mes aspirations profondes.
Quel genre de maman voulais-je devenir, moi ?
C’est en me posant cette question que l’allaitement s’est naturellement présenté à moi. J’ai offert le sein à mon nouveau-né et il l’a pris jusqu’à ses 2 ans et demi.
Dans notre couple, cela n’a pas posé de problème : mon compagnon était heureux de cette relation qui s’est instaurée entre mon fils et moi. En revanche, j’ai constaté que mon allaitement faisait parler beaucoup mon entourage : j’ai entendu les craintes de ma mère, que j’étais esclave de mon enfant, que je n’avais pas de liberté, que je montrais mes seins à tout le monde, que je prenais la place du père…
Je ne pouvais pas sortir sans que quiconque me fasse une remarque sur l’allaitement !
Qu’importe ! j’ai réussi à m’écouter, et tout s’est installé progressivement. Aucune honte à donner mon sein en public, à tirer mon lait, à demander au papa de donner un biberon de mon lait stocké quand j’étais épuisée ou que je sentais qu’il voulait participer…
J’ai pu ainsi établir une relation très proche et instinctive avec mon enfant. C’était magique !
J’ai découvert mon corps : la montée de lait, sentir le lait passer à travers mon téton, entendre le bruit de la succion et voir mon enfant me regarder droit dans les yeux, sentir tout cet amour passer entre nous. Une relation très animale. J’ai aimé me connecter à cet instinct féminin primal. Connaître mon corps, me reconnecter à mon cycle féminin : avoir plus ou moins de lait selon l’avancée de cycle menstruel, mieux connaître mes seins, prendre soin de ma peau… découvrir le fonctionnement de mon enfant, comprendre ses pleurs, les différencier, y apporter une réponse adaptée… m’a donné confiance en moi !
Évidemment, j’ai rencontré des doutes : dès la maternité, alors que mon enfant tétait presque tout le temps et pleurait beaucoup. Je me demandais que faire. C’est alors que les sages-femmes de garde de la maternité, mal formées à ce sujet, m’ont immédiatement proposé un biberon et une tétine. J’ai accepté par non connaissance.
Heureusement, la sage-femme qui m’a suivie pendant ma grossesse et jusqu’à mon accouchement m’a rendu visite le lendemain et m’a tout expliqué. Dès lors, j’ai pu être à l’écoute de mon enfant, patienter et attendre la fameuse montée de lait ! Quelle expérience !
Par la suite, de nombreux doutes m’ont encore assailli : mon enfant régurgitait beaucoup.
Heureusement une personne de mon entourage m’a conseillé une merveilleuse consultante en lactation IBCLC. Je n’avais jamais entendu parler de cette profession. J’ai décidé de l’appeler et elle m’a proposé une téléconsultation par Skype pour répondre à mon urgence. A cette époque, j’avais acheté des bouts de sein en silicone car j’avais mal. J’ai allaité mon bébé devant elle par écran interposé et elle a su immédiatement me conseiller. Elle m’a guidée pour changer de position et enlever cet outil qui faisait barrière entre mon sein et la bouche de mon enfant. J’ai eu confiance et c’était reparti ! Ça a continué pendant 2 ans et demi… ! Avec joie et amour !
Lorsque mon fils a grandi, je n’avais aucune envie d’arrêter cet allaitement si heureux. Je recevais encore et toujours des commentaires : « Ton fils est trop grand. Il ne va jamais te lâcher. Tu vas en faire un homosexuel (!). Tu n’es pas libre… ». A la PMI, on m’a même conseillé de voir une psy ! Malgré ces remarques, j’ai continué. Je me souviens avoir cependant rencontré une puéricultrice qui m’a dit une phrase très juste : « Si ça vous fait plaisir à tous les deux, alors écoutez-vous ! ». J’ai suivi son conseil à la lettre.
J’ai identifié quelles tétées étaient nécessaires et celles qui ne me faisaient pas plaisir voire me faisaient mal. J’ai été à l’écoute de mes sensations physiques : j’ai appris à dire stop, à réguler les demandes trop fréquentes. J’ai pu parler à mon fils et ainsi diminuer au fur et à mesure, conservant ainsi la tétée des retrouvailles le soir, pour s’endormir et celle du réveil… Puis, avec la diversification alimentaire, tout s’est mis en place progressivement.
Et 22 mois plus tard, sa petite sœur, Apoline est née. Mon fils a continué à téter pendant ma grossesse et quelques temps plus tard aussi malgré les commentaires réprobateurs de mon entourage effrayé. Mes enfants ont ainsi été co-allaités et ma fille n’a manqué de rien. Depuis, ils sont très proches. J’ai pu ainsi, arrêter tranquillement l’allaitement de mon fils pour laisser la place à ma fille uniquement. Aujourd’hui, j’ai sevré mes deux enfants. Tout s’est bien déroulé, avec amour et bienveillance.
Je suis fière de moi, de cette aventure et heureuse de m’être écoutée ! ça m’a donné beaucoup de force ! Mes amies viennent même vers moi pour me demander conseil lorsqu’elles décident d’allaiter à leur tour…