Point de vue d’un papa sur l’allaitement

Avant sa naissance, nous savions déjà que notre fille serait allaitée parce qu’il nous semblait que c’était la meilleure nourriture qu’elle pouvait recevoir. Je ne m’attendais évidemment pas à la montagne de petits et grands défis auxquels nous allions être exposés. C’est fou comme la société enjolive le fait de devenir parent. Je comprends que certains couples explosent en plein vol. Si vous voulez mon avis, on pourrait comparer l’arrivée d’un enfant à un tremblement de terre. Mais on arrive à reconstruire les fondations petit à petit.

Nous en avions parlé, c’était clair pour nous, ma femme allaiterait. Ce que nous ignorions alors, c’est que tout naturel que soit l’allaitement, ça pouvait ressembler à un parcours du combattant au début. Je me sentais impuissant quand ma compagne me demandait si elle positionnait bien Nine au sein. Elle souffrait de crevasses et les pommades que j’allais lui acheter en urgence à la pharmacie ne suffisaient pas. Alors, j’ai parcouru internet à la recherche de solutions. Je suis fier de lui avoir trouvé la méthode pour faire des pansements de lait maternel. Elle dit que ça a sauvé son allaitement. Puisque je ne pouvais pas donner le sein, je me suis arrangé pour être efficace dans les domaines où je pouvais agir.

Le déroulement d’une journée

Comme je travaillais à la maison, je pouvais être auprès de ma femme et de ma fille. Je ne m’étais pas douté un instant que ça allait être aussi épuisant. Aider au quotidien, remplir le réfrigérateur, préparer les repas, lancer une lessive, l’étendre, plier le linge ; courir acheter les couches manquantes, limiter gentiment mais fermement les visites épuisantes ; comprendre comment porter mon bébé en écharpe, l’y installer, bercer Nine et recommencer. C’était du non stop. J’étais carrément fier de me rendre utile, d’anticiper les besoins de mes deux femmes. J’avais concocté pour Cindy un espace cosy avec son thermos de tisane, une bouteille d’eau, un mélange de fruits secs et des bananes sans oublier le nécessaire mouchoirs, gel pour les mains, chargeur de téléphone portable et tablette. Elle avait son camp de survie en somme. Et j’étais chargé de la logistique et du ravitaillement. Et puis quand j’oubliais, elle savait me rappeler à l’ordre.

Comme la plupart de mes amis n’étaient pas encore papas, ils ignoraient combien un nourrisson vous mobilise et que la dernière chose qu’on ait envie de faire les premières semaines, c’est sortir et laisser mère et fille seules à la maison ; surtout le soir quand bébé a tendance à pleurer plus souvent. Une fois que tout roulait et qu’on gérait, nous ne nous sommes pas privés de sortie, grâce au portage et à l’allaitement, notre fille était toujours avec nous, une couche de rechange dans le sac et on pouvait aller au restaurant et passer du temps avec des amis.

Etre parents

C’est drôle, ma femme et moi avions passé pas mal de temps à lire et à nous informer sur notre rôle de futurs parents. Aucun livre ne prépare à l’émotion qui nous submerge et à l’intensité que ce bébé nous procure. Notre quotidien a été sacrément chamboulé, c’est le moins que l’on puisse dire. Affirmer que ce n’est que du bonheur, pas toujours non. Certains jours, quand l’épuisement vous gagne, on se demande si on fait tout bien comme il faut, on en discute et on relativise. Si nous sommes d’accord avec nos choix alors tout va bien !

Cependant, il ne m’est jamais venu à l’esprit que donner un biberon aurait été plus facile ou bien une manière de mieux prendre ma place auprès de notre bébé. Dès son arrivée à la maison, c’est moi qui me suis chargé du bain et du massage qui suivait. C’était un moment à nous et aussi un moment pour que ma femme puisse se relaxer. Et en toute franchise, ça m’arrangeait pas mal que Cindy se charge d’allaiter. Cela me permettait de me reposer un peu aussi.

Puis comme tout le monde, nous nous sommes posés tout un tas de questions. Car entre ce qui est dit dans les livres et la réalité, on est vite perdu : pourquoi pleure-t-elle alors qu’elle est changée et qu’elle a mangé ? Peut-elle dormir avec nous ? Peut-elle s’endormir au sein sans que cela créée de mauvaises habitudes ? Pourquoi n’aime-t-elle pas être posée ? Tout le monde y va de ses conseils mais quand aucun ne semblait nous correspondre, que faire ? Nous avons cessé de nous interroger sur « la marche à suivre » quand nous nous sommes rendu compte que le mieux était de suivre notre instinct. On allait faire des erreurs c’est sûr. Et puis… tant pis ! C’est aussi de cette manière que j’ai trouvé ma place en tant que papa. Relativiser les difficultés, chercher des solutions, décrocher mon téléphone pour trouver le rendez-vous chez l’ostéopathe qui débloquera la situation.

L’allaitement a quelque chose de magique, d’indescriptible. Je n’ai jamais su comment l’expliquer mais j’ai toujours été ému en voyant Cindy allaiter notre fille. C’est un moment où elles sont comme coupées du monde extérieur et je suis le témoin privilégié de ce bel ensemble. Je sais que mon rôle est de l’encourager, quand elle trouve ça dur. Que ma femme allaite m’a demandé de me montrer plus créatif. Ça tombe bien, dans ma vie professionnelle, je travaille dans le domaine artistique. Et puis, ce qui est sûr, c’est qu’on a gardé de cette période un souvenir très fort.

[Auteur] : Jean-Georges Gouazé, papa de bébés allaités

3 réflexions sur « Point de vue d’un papa sur l’allaitement »

  1. Bravo, il est necessaire de trouver sa place dans ce grand défi qui est d’avoir un enfant. Quant à moi, j’ai trouvé ma place en donnant le biberon la nuit.

  2. Que c’est dur de devenir parents en effet !
    merci aux papas d’être là pour nous épauler dans ces moments difficiles mais tellement beau au final !

    maman allaitante

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