On sait qu’une alimentation adéquate pendant la grossesse et l’allaitement est importante pour la santé de la mère et de son enfant. Les résultats d’une enquête nationale menée en France en 2015 suggèrent que les femmes allaitantes pourraient être à risque de déficit en raison d’inadéquations des apports alimentaires et nutritionnels.
Les acides gras polyinsaturés (AGPI) (famille des lipides) que sont les omégas 3 et les omégas 6 sont essentiels à la santé du corps humain. Au cours des 150 dernières années, la consommation en omégas 6 a beaucoup augmenté ; dans le même temps la consommation en omégas 3 a diminué. On a observé en parallèle une augmentation significative des maladies cardio-vasculaires.
Les besoins en acides gras omégas 3 sont plus élevés pendant la grossesse et l’allaitement.Ils ont un rôle important à jouer dans la croissance et le développement du fœtus puis du bébé.
Les omégas 3
Ce sont des acides gras dits « essentiels » car l’être humain ne les synthétise pas. Ils sont donc fournis par l’alimentation. Ce sont :
-l’acide alpha-linolénique (ALA) d’origine végétale (noix, huiles de lin et de colza)
-l’acide eicosapentanoïque (EPA)
-l’acide docosahexaénoïque (DHA)
Ces deux derniers sont fournis par la consommation de poisson.
Des études rapportent que, dans notre alimentation industrialisée et, selon les apports nutritionnels conseillés (ANC) les AGPI sont consommés de façon déséquilibrée. En moyenne, en Occident, nous consommons 10 à 15 fois plus d’omégas 6 (autres acides gras essentiels) que d’omégas 3.Le ratio optimal devrait être de 4 omégas 6 pour 1 oméga 3. Plus vraisemblablement, il serait préférable que nous en consommions autant d’une famille que de l’autre. Notre alimentation occidentale, très riche en céréales, huile de tournesol, maïs, soja et graisses diverses est à l’origine de ce déséquilibre. La viande, notamment, est issue d’animaux nourris de maïs ou de soja très riches en omégas 6.
Pourquoi sont-ils importants pendant la grossesse et l’allaitement ?
Les omégas 3 jouent un rôle majeur dans le développement cérébral, visuel et auditif du fœtus puis du nouveau-né.La plus grande partie du développement cérébral du bébé s’effectue pendant la grossesse. A la naissance, le poids corporel du nouveau-né représente seulement 5% de celui qu’il fera à l’âge adulte, alors que la taille de son cerveau représente déjà 70% de celle du cerveau adulte. Sa croissance sera quasi complète à 5-6ans.
Le DHA est un composant très important du cerveau et de la rétine. Son apport est essentiel. Pendant la grossesse, le futur bébé se fournit dans les réserves maternelles.On sait que la future maman stocke les lipides –et notamment la DHA- en début de grossesse. En fin de grossesse, ils sont transférés au futur bébé, via le placenta. Après la naissance, le relais se fera avec le lait maternel dont la teneur en AGPI dépend fortement de l’alimentation maternelle.
Focus sur l’alimentation
C’est en modifiant quelque peu l’alimentation que l’on pourra rééquilibrer le rapport omégas3/omégas 6.Manger deux fois par semaine du poisson apporte directement ces nutriments. En raison de la présence croissante de méthylmercure dans l’environnement, il est préférable de privilégier les poissons tels que sardines, maquereaux, anchois, hareng, truite, saumon et d’en diversifier la consommation. Pour les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que pour les enfants de moins de 30 mois, il est recommandé d’éviter à titre de précaution de consommer les poissons les plus contaminés : requin, lamproie, espadon, marlin (proche de l’espadon) et siki (variété de requin). En outre, il convient de limiter la consommation de poissons tels que le thon, la lotte, la dorade (consulter le site de l’ANSES) car fortement contaminés à 150g /semaine pour les femmes enceintes et allaitantes et 60g/semaine pour les enfants de moins de 30 mois.
L’apport végétal sous forme d’ALA contenu dans l’huile de colza, l’huile de noix, les noix, le chou, les épinards, les amandes, les graines de courge, de lin, les œufs (issus de poules nourries aux graines de lin, ou de plein air avec une alimentation en herbes fraiches) (liste non exhaustive) contribue aussi à améliorer le ratio omégas 6/omégas 3.
Conclusion
Pendant la grossesse et l’allaitement, consommer des omégas 3 participe activement à une croissance cérébrale harmonieuse. Des compléments alimentaires ne sont pas préconisés actuellement. Cependant chaque femme peut modifier, adapter son alimentation afin de tendre vers ce précieux équilibre omégas 3/omégas 6. Retenons que le DHA, essentiel au développement cérébral, optimise les performances cognitives, et que sa teneur dans le lait maternel dépend de l’alimentation maternelle.
[Sources] :
*Extenso, centre de référence sur la nutrition de l’Université de Montréal
* Consommation alimentaire et nutritionnelle des mères allaitantes (France) : résultats d’une première enquête nationale ;C. Rougehttp://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0985056216300206 – aff0005, Nutrition Clinique et Métabolisme /Volume 30, 2 juin 2016, Pages 112–113
*Le concours médical/Tome 135/ Dr Jean-Michel Lecerf, service de nutrition, Institut Pasteur de Lille
*La nutrition.fr
[Auteure] : Anne Bruyère, sage-femme
Très bien