Science, maternage et bienveillance

 Depuis quelques années, j’accompagne les mamans en les écoutant et en mettant en avant le besoin de proximité pour favoriser l’allaitement souhaité.

Découvrir et comprendre le fonctionnement des seins oriente sur d’autres façons de fonctionner chez les humains.

En effet, écouter, accompagner et soutenir les mères dans leur choix d’allaiter leur enfant,  les encourage à continuer cet allaitement, leur donner les informations qui vont les aider à se sentir légitimes. Ces mères ont donc envie de faire durer cette relation. Elles sont très vite confrontées à leur besoin de soutien à nouveau parce que leur enfant grandit et des questions éducatives apparaissent alors.

En ce qui concerne l’éducation de cet enfant : elles n’ont qu’une envie, celle de « bientraiter » l’enfant à qui elles ont donné le « meilleur » et rencontrent la fameuse violence éducative ordinaire. Avec l’allaitement, les parents découvrent une certaine bienveillance envers leur enfant. Ils répondent de façon instinctive à ce petit d’homme qui n’a qu’un seul but dans sa toute nouvelle vie : survivre. L’enfant sait de quoi il a besoin, il l’exprime avec vigueur à ses parents qui y répondent  le plus souvent de façon instinctive, si tant est qu’ils ne se sentent pas trop jugés et culpabilisés par l’extérieur. Les parents prennent conscience du fait que leur enfant ne les manipule aucunement quand il fait part de ses besoins impérieux. Les parents se questionnent alors sur la réponse à donner : Faut-il laisser pleurer un bébé qui appelle ? Faut-il endurcir un enfant qui fait une colère ?

L’étude du cerveau réagissant à des stimuli extérieurs montre que son fonctionnement est optimal dès lors que l’environnement familial proche fait preuve d’empathie et de soutien envers l’enfant en détresse.

Pourquoi un enfant pleure-t-il ?

L’homme est une espèce dont le premier besoin est le contact permanent. Dès sa naissance, l’enfant subit des émotions* plus ou moins fortes qui vont déclencher chez lui des réactions plus ou moins entendues par ses parents. Cet enfant va exprimer, comme il peut et avec les moyens dont il dispose, son mal être ou un besoin à assouvir. Un enfant a un instinct de survie viscéral et dès que son bien-être est touché, il va le manifester.  En proie à certaines émotions (peur, tristesse, colère, dégoût…), il sera incapable, à cause de l’immaturité de son cerveau, de réguler seul ces émotions, en plus d’être submergé par l’émotion elle-même.

Ce qui a été promu pendant des décennies dans le cadre du maternage proximal (proximité du bébé, du bambin et de l’enfant avec une image parentale rassurante) est donc aujourd’hui avéré et démontré par les observations cliniques faites sur le fonctionnement du cerveau. Les neurosciences viennent supporter l’idée instinctive que se font les mamans du besoin de bienveillance de leur enfant.

Les petits d’hommes ont besoin du contact pour survivre et s’épanouir. Quand ils sont soumis à des émotions fortes, ils ont besoin d’être rassurés, pris dans les bras, bercés, allaités, pour faire baisser les taux d’hormones du stress qui font dysfonctionner leur système neuronal et cérébral.

Une maman lambda ne reste guère plus de quelques secondes impassible aux pleurs de son petit. Elle s’inquiète immédiatement de cet appel et va réconforter son bébé en le prenant dans ses bras, en le berçant, en le rassurant de sa chaleur et de son contact. Devant les réactions de son petit, elle peut lui proposer le sein et être rassurée par son apaisement. Se mettent alors en route des processus physiologiques involontaires mais déterminants au regard du besoin de bienveillance du tout petit. Le climat hormonal induit par cette situation rassérène mère et enfant. Le cerveau du petit d’homme stressé sera également apaisé par les hormones du lait maternel, notamment la prolactine, les endorphines, l’ocytocine ou la sérotonine. Mais, le lait maternel impacte également le système nerveux en développement, notamment, par ses acides gras très particuliers, qui favorisent la myélinisation c’est-à-dire la formation des gaines de myéline qui enveloppent les neurones.  La myéline est un tissu graisseux qui isole les fibres nerveuses les unes des autres (véhiculant une information électrique) et augmente la vitesse de transmission de ces informations.

Plus un bébé, bambin ou enfant recevra de câlins, de douceurs physiques, de bienveillance de la part de ses parents, même, voire surtout, dans les moments difficiles et plus son cerveau se développera et fonctionnera de façon optimale à des périodes cruciales et déterminantes de maturation.

C’est exactement ce qu’offre l’allaitement :

  • la composition du lait maternel
  • la proximité physique par le contact peau à peau (ou habillé)
  • la sensation pour l’enfant de se sentir contenu, enveloppé
  • l’accès libre et rassurant au corps de la mère jusqu’à ce que l’enfant soit suffisamment « rempli » de réconfort et réussisse à gérer tout seul ses émotions et ses réactions dans son quotidien et à travers ses relations aux autres.

 

*Emotion : Réaction affective de grande intensité habituellement provoquée par une stimulation venue de l’environnement.

[Bibliographie] :

  • Catherine Gueguen : Pour une enfance heureuse, éd. Robert Laffont
  • Margot Sunderland : Un enfant heureux, éd. Pearson education France
  • Dossiers de l’Allaitement n°52, La Leche League France

 

[Auteure] : Mme Brigitte Doussin, consultante en lactation IBCLC

[Biographie] : Mère de 5 enfants. Formatrice en allaitement maternel, consultante en lactation IBCLC, conseillère en portage (AFPB), elle est référente pour l’association Peau à Peau internationale et conférencière.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *