Top 4 des idées fausses sur l’allaitement

Je me rends compte au quotidien à quel point les mythes ont la vie dure en allaitement. Y compris du côté de certains professionnels qui continuent à les propager sans se rendre compte de l'impact négatif de ces idées. Et pourtant nous sommes au 21ème siècle! Voici pour moi les idées principales qui découragent le plus les mères d'allaiter. Il est bien possible qu'à elles quatre, elles fassent plus de 80% des dégâts.

 

« L'allaitement, ça fait mal »

 

Cette phrase stupide sous-entendrait que toutes les mères allaitantes doivent avoir mal. Non, allaiter ne fait pas mal ; et oui l'allaitement peut faire mal dans certaines conditions.

Quand on ressent une douleur en allaitant, comme quand on ressent une douleur dans n'importe quelle situation, soyons dans une attitude positive et trouvons ce que cette douleur apporte comme information.

Eh oui, c'est comme quand on met la main dans le feu et qu'un signal d'alerte oblige le corps à un réflexe salvateur : enlever la main du feu. Si on n'a pas mal, on n'enlève pas sa main, et on la perd.

De la même façon, si on n'a pas mal aux seins quand le bébé est mal positionné, on ne corrige pas la position, le bébé n'a pas assez à manger, et on « le perd ». Bien sûr, on ne perd plus son bébé de nos jours, car les laits en poudre existent, mais les messages du corps sont les mêmes depuis les Néanderthaliens, âge où a priori on ne trayait pas encore les bisons.

Donc, une douleur en allaitant nous invite à chercher la cause de cette douleur, à la trouver, et à y remédier. Les consultantes en lactation sont là pour ça.

Un allaitement bien mené ne fait pas mal.

 

 

« Le lait maternel est moins nourrissant que le lait  maternisé » 

 

En premier lieu, on ne devrait plus utiliser le terme « maternisé » : c'est un mensonge. Ce breuvage n'a rien de maternel. Enfin, si, mais seulement si votre enfant est un veau. Ensuite, le mot « lait » est lui aussi impropre. Il s'agit en fait d'un lait bovin chimiquement dé-bovinisé et lyophylisé. Utilisons donc le vrai terme consacré à cette préparation qui aurait du rester à sa place dans les trousses de soins : « Préparation Pour Nourrissons »…

Les PPN ne sont pas plus nourrissantes que le lait maternel, elles sont simplement beaucoup moins adaptées et donc moins faciles à digérer! Ce n'est pas parce que vous avez mangé un plat très lourd et très gras que vous aurez plus nourri votre corps, bien au contraire! Mais vous aurez l'estomac rempli de cette mixture qui ne s'évacue pas rapidement.

Le lait maternel inquiète ceux qui ne le connaissent pas : il est très clair, opalescent. C'est normal, il est moins gras donc moins crémeux que le lait de vache qui est, à tort, notre référence. Mais les graisses qui composent ce fabuleux trésor que vous produisez sont celles qu'il faut pour votre bébé : notamment les précieux acides gras très spécifiques qu'une vache ne produira pas, et qui vont aller composer son cerveau.

Du coup, les quantités de lait maternel et de PPN (en fait ce sont les quantités d'eau utilisées pour diluer la poudre) ne doivent en aucun cas être comparées. Ne regardez pas les indications des boites de lait pour savoir combien votre enfant boit au sein ! Cela n'a rien à voir. Le Lait humain et les PPN sont DEUX MONDES DIFFERENTS!

 

 

Le mythe de la mère nourricière plantureuse

 

Combien de femmes pensent encore qu'il faut des gros seins pour allaiter? Beaucoup trop! Et même s'il n'y en avait qu'une, elle serait de trop! La taille des seins dépend en majeure partie de la quantité de graisses stockées. La quantité de lait produite dépend de l'importance du tissu glandulaire, qui varie d'une femme à l'autre, mais surtout de l'efficacité et de la fréquence des tétées.

Moralité, si vous êtes bien préparée et bien entourée, vous pouvez allaiter des jumeaux alors qu'avant la grossesse vous faisiez un petit 85A! A l'inverse, vous pouvez arborer un fier bonnet G et ne pas avoir de quantités suffisantes par manque de stimulation efficace de votre bébé. Documentez-vous, organisez-vous, entourez-vous de gens positifs et vos seins quelle que soit leur taille répondront présents!

 

 

« Cela n'a pas marché pour mon premier, ce sera pareil pour le deuxième »

 

Eh bien non : le tissu glandulaire est refait à neuf à chaque grossesse. Vous aurez donc de nouveau toutes vos chances pour réussir votre allaitement (°)! L'essentiel est que depuis ce premier allaitement qui ne s'est pas bien passé, vous vous êtes renseignée, vous avez cherché le ou la professionnel(le) qui pourra vous aider en cas de petites ou grosses difficultés.

 

 

Voilà, il me semble que si l'on faisait en sorte d'empêcher ces quatre idées fausses de circuler, la vie des jeunes parents et de leur bébé serait bien plus sereine!

 

 

 

 

(°) Attention, en cas de chirurgie mammaire, qu'elle soit d'augmentation ou de réduction, il en va tout autrement. Parlez-en avec le chirurgien qui vous suit.

 

 

 

5 réflexions sur « Top 4 des idées fausses sur l’allaitement »

  1. Oui, c'est clair que ces idées fausses font beaucoup de dégâts ! Et quel dommage que le métier de consultante en lactation soit si peu connu, y compris dans le monde médical.

    Heureusement, il y a quand même de nombreuses personnes qui diffusent à temps et à contretemps des messages positifs concernant l'allaitement.

  2. Ah les idées reçues ! Je n'ai pas réussi à allaiter mon premier enfant par manque d'information et de soutien. Pour mon deuxième, je me suis beaucoup documentée et motivée surtout dans les premières semaines. ç'a été difficile mais je suis fière de moi car j'ai réussi. Il a 5 mois et je l'allaite encore. J'utilise un TL car j'ai repris le travail il y a qques jours mais je suis confiante.

    Ce sont des moments de complicité différents du biberon !

    Bon courage mesdames !

  3. Bonjour,
    J’aimerais nuancer la phrase “Un allaitement bien mené ne fait pas mal.”. Tout dépend toutefois de l’enfant.
    J’ai 3 enfants, tous les 3 allaités (la dernière encore au sein, à 3 mois). Je n’ai quasiment pas ressenti de douleur pour mon 1er enfant. Il a fallu une semaine pour que les seins s’habituent, et ensuite, tout se passait pour le mieux.
    Pour les 2 derniers, c’est un peu différent. Ils ont (et je ne peux pas les blâmer car je sais de qui ils tiennent ^^) une petite bouche. Une toute petite bouche qui, pendant la tétée, n’attrape que le téton, et pas du tout l’aréole. Et chaque début de tétée, quand le bébé a vraiment faim et tète vraiment fort, est un supplice. Car la bouche pince le téton. Et fort ! Et même au bout de 3 mois, ça fait encore mal.
    Au fur et à mesure que l’enfant grandit (et sa bouche avec), ça fait de moins en moins mal. Et puis, je sais que c’est la 1ère minute de chaque tétée qui fait mal. Le reste est très supportable. Alors je continue tant que je le pense.
    Mais voilà, je tenais à préciser : un enfant avec une toute petite bouche peut engendrer des douleurs lors de l’allaitement, malgré une position tout à fait correcte.
    Mais le bonheur de pouvoir nourrir son enfant naturellement est tellement grand qu’on supporte 😉

    1. Merci Titia pour votre témoignage.
      Effectivement cette inadéquation bouche-mamelon peut arriver mais nous souhaitions aussi alerter sur le fait que les femmes ne doivent pas rester avec une douleur inexpliquée.
      Bravo pour votre ténacité !

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