Archives par mot-clé : bien-être

Rejet du sein durant les premières semaines de vie : quelles solutions apporter?

[Auteure] : Mme Myriam Panard, consultante en lactation IBCLC

Le fait qu’un bébé né à terme et en bonne santé ne prenne pas le sein durant ses premiers jours de vie est une des raisons principales de sevrage précoce au même titre que les tétées douloureuses ou une perte de poids excessive qui fait perdre confiance à la maman. On entend souvent dire « Mon bébé était trop paresseux, il ne voulait pas téter, il préférait le biberon ! » ou bien «  Ne vous acharnez pas madame à vouloir allaiter votre bébé, vous voyez bien qu’il ne sait pas téter ! » Cette situation semble très déstabilisante pour les mamans qui sont souvent désemparées et culpabilisent de ne pas pouvoir allaiter leur bébé. Ce phénomène de plus en plus fréquent mérite que l’on s’interroge sur les conditions déclenchant un tel comportement du bébé et sur les solutions à apporter pour un retour à l’allaitement maternel.

Continuer la lecture de Rejet du sein durant les premières semaines de vie : quelles solutions apporter?

Ocytocine, l’hormone géniale

L’ocytocine est une hormone actuellement placée sous les feux de la rampe. Qualifiée d’hormone de l’affection, du bonheur, de l’attachement, de l’amour, du lien social, de l’empathie, on prête à l’ocytocine une influence sur la fidélité, chez les campagnols des prairies !

On estime que l’ocytocine est apparue il y a quelques 700 millions d’années. C’est une hormone dont la synthèse est endogène : elle prend naissance à l’intérieur du corps. Elle existe sous la même forme chez tous les mammifères. On connaît son rôle dans le déclenchement du travail d’une femme qui accouche, on sait aussi qu’elle permet l’éjection du lait des seins. Des recherches récentes ont montré son effet relaxant, sédatif notamment lorsqu’elle est libérée au moment des rapports sexuels. Elle est impliquée dans les comportements d’attachement, de soin aussi, particulièrement lors de l’allaitement, et plus généralement quand des personnes célèbrent un évènement, dansent ou chantent ensemble, par exemple.

Son nom « ocytocine » lui a été donné en 1906 par Sir Henry Dale en référence à ses propriétés alors connues sur le déclenchement des contractions des muscles lisses de l’utérus.

En grec ancien « ocytocine » signifie en effet « naissance rapide ». Chez l’être humain elle a un double rôle d’hormone et de neurotransmetteur : on la qualifie donc de « neuro-hormone ». Elle est principalement synthétisée par l’hypothalamus et par l’hypophyse.

La sécrétion d’ocytocine augmente tout au long de la grossesse. Elle stimule la contraction utérine, contraction qui est involontaire, intermittente, totale (intéressant tout l’utérus) et douloureuse à partir d’un certain seuil d’intensité (avec les prostaglandines, autres hormones endogènes, qui ont un rôle fondamental dans le déclenchement du travail dont l’origine est par ailleurs multifactorielle). Elle aura ensuite un rôle au moment de la délivrance physiologique lorsque, après un temps de latence, elle déclenche à nouveau les contractions permettant la délivrance (expulsion du placenta) et limitant ensuite l’hémorragie.

On a recours à une ocytocine de synthèse dans certains modes de déclenchements artificiels du travail. Il arrive fréquemment aussi qu’elle soit perfusée en cours de travail pour améliorer la dynamique utérine.

Au moment de l’allaitement, la succion du mamelon et les stimulations sensorielles avec le nouveau-né créent une excitation neuro-hormonale qui déclenche la libération de l’ocytocine, libération rythmée, discontinue. L’ocytocine permet l’éjection du lait en agissant sur les récepteurs de la plus petite unité cellulaire du sein : l’acinus (du latin «acinus : grain de raisin»).

En bonne messagère, elle travaille conjointement avec ses consoeurs que sont la prolactine, les oestrogènes et la progestérone, dont les taux se régulent de manière subtile pour que la lactation s’installe de façon harmonieuse. Plus largement, il semble que l’ocytocine module les réponses au stress qui accompagnent souvent l’expérience de la naissance et du post-partum et de l’allaitement et confère un plus grand apaisement. Cette diminution du stress contribue à une meilleure confiance en soi maternelle.

Pourquoi l’appelle-t-on aussi « hormone de l’attachement » ?

L’attachement est décrit comme un lien affectif, durable, dont la spécificité serait l’expérience de la sécurité et de réconfort éprouvée en présence de l’autre. Selon le chercheur et psychologue Blaise Pierrehumbert, l’ocytocine « sécrétée lors de contacts proches semble en retour favoriser la relation. Il s’agit donc d’un système en boucle »[1]

Au moment de la naissance, il semble qu’elle facilite l’émergence du lien mère-enfant. Les mouvements du nouveau-né vers le sein maternel, la succion du mamelon, les sentiments maternels chaleureux à l’égard de son enfant, le toucher, l’échange de regards etc. sont autant de signaux déclencheurs de la libération de l’ocytocine. Ses effets de détente renforcent la « préoccupation maternelle » que B. Pierrehumbert décrit ainsi : «  comme une fonction adaptative essentielle, permettant à l’enfant de recevoir les soins adéquats. Et il ne fait pas de doute que cette « préoccupation » soit déclenchée par des facteurs provenant à la fois de la mère (hormones) et du bébé (appels) ; les « déclencheurs » impliqueraient du reste autant l’un que l’autre des partenaires »[2].

Les pères sont eux aussi concernés par l’action de l’ocytocine même s’ils n’ont pas reçu en les hormones à l’œuvre dans la parturition de la même manière. Le taux paternel d’ocytocine est associé aux contacts entre le père et son enfant, et ce taux augmente en réponse aux soins donnés.

Pour conclure, l’ocytocine est impliquée dans de nombreuses fonctions humaines. Elle est le maillon d’une chaîne complexe, qui est à l’origine des fondements biologiques des soins parentaux. Elle favorise l’émergence des liens filiaux. La recherche s’intéresse aussi à l’ocytocine en thérapeutique   (notamment par exemple dans les pathologies psychiques du post-partum).

Sources et lectures :

« Le rôle de l’ocytocine dans les comportements maternels de caregiving auprès de très jeunes enfants » AL. Saive/DEVENIR/2010-4-vol 22/Ed Médecine et Hygiène

« L’ocytocine et la dépression du post-partum «  C.Cardaillac.et al/Journal de gynécologie-obstétrique 2016 ; 45(8)

« L’implication des parents en néonatologie et le processus de caregiving » N.Guédeney et al/DEVENIR/2012/1(Vol.24)Ed Médecine et Hygiène.

« Découverte de l’hormone de l’altruisme et de l’empathie » P.Gravel/Le Devoir/16/08/17

« Ocytocine et stress de la mère au cours de la lactation en post-partum » C.Boutet et al/Ann.Endocrinol.2006 ; 67,3./Masson

« Ocytocine, psychopathologie et réponses de stress »/Journées annuelles de l’AFBPN-2012/www.sciencedirect.com


[1]B. Pierrehumbert. « Amour et attachement » SPIRALE/2016-4(n° 80) Ed ERES.

[2]B. Pierrehumbert « L’amour maternel… un amour impératif »SPIRALE/2001-2(n°18) Ed.ERES

[Auteure] : Anne Bruyère


[Biographie] :
Anne Bruyère est sage-femme depuis 1982. Elle travaille en PMI.

.