Ostéopathie, distinguer le vrai du faux

De nombreuses mères sont amenées à faire appel à un thérapeute manuel : kinésithérapeute, ostéopathe ou chiropracteur ; la rédaction du blog allaitement est allée à la rencontre de l’un d’entre eux pour en savoir plus sur cette profession et distinguer le vrai du faux.

  • M. Guillotin-Loury, vous êtes ostéopathe, pouvez-vous nous décrire en quoi consiste votre métier ?

La définition la plus précise et dans laquelle j’inscris ma pratique au quotidien est celle que l’Organisation Mondiale (OMS) de la Santé a publiée en 2010 en déclarant : «  L’ostéopathie (également dénommée médecine ostéopathique) repose sur l’utilisation du contact manuel pour le diagnostic et le traitement. Elle prend en compte les relations entre le corps, l’esprit, la raison, la santé et la maladie. Elle place l’accent sur l’intégrité structurelle et fonctionnelle du corps et la tendance intrinsèque de l’organisme à s’auto-guérir. »

  • Bien entendu, vous n’êtes pas médecin, en quoi consiste votre formation ?

La question de la formation en ostéopathie est essentielle. Pendant les années 2000, on référençait jusqu’à 60 écoles d’ostéopathes au niveau de formation très hétéroclite. La loi française n’exigeait alors qu’un faible nombre d’heures de pratique et de théorie quand L’OMS à la même époque préconisait cinq années d’études, une clinique étudiante et d’autres recommandations devant garantir les compétences des praticiens diplômés. Vous aviez à l’époque autant d’écoles en France que dans le reste du monde (!) Fort heureusement, depuis 2015, la France s’est alignée sur les recommandations de l’OMS et un bon nombre de formations douteuses ont disparu.

En ce qui me concerne j’ai validé mon premier cycle au sein du CEESO et le second cycle au sein de L’EOP à Paris. En outre j’ai une formation sur le traitement du nourrisson.

  • Peut-on devenir ostéopathe en deux ans ?

La formation de l’ostéopathie est assurée actuellement seulement par des écoles privées en 5 ans minimum. L’entrée est conditionnée par l’obtention du baccalauréat et une sélection interne qui diffère en fonction des écoles (entretien personnalisé, lettre de motivation, examen de culture générale). La sélection se fait davantage par la validation des années et du niveau d’exigence imposé par les écoles.

En ce qui concerne le contenu, pour faire simple vous apprenez beaucoup de matières théoriques (anatomie, physiologie, sémiologie) lors du premier cycle et vous mettez concrètement votre pratique à l’œuvre en clinique ostéopathique lors des deux dernières années de formation.

  • Le métier d’ostéopathe reste encore méconnu. On entend parfois que c’est ni plus ni moins qu’un kinésithérapeute.

L’ostéopathie est complémentaire de la kinésithérapie mais s’en distingue nettement. Le kinésithérapeute n’est pas formé pour porter un diagnostic, il rééduque ce que le médecin traitant prescrit, son champ de compétence et majoritairement musculo-squelettique quand il est également vasculaire, neurologique, lymphatique et myofascial pour les ostéopathes.

La chiropractie s’en rapproche mais se limite souvent au traitement vertébral.

  • L’ostéopathie ne s’adresse qu’aux adultes et plus particulièrement aux sportifs

L’ostéopathie n’est pas un passage obligé au cours de la vie. Toutefois, si l’on écoute son corps, les signaux d’alerte qu’il peut envoyer, si on lui demande beaucoup (je pense aux sportifs) et si l’on veut se passer quand cela est possible de médicaments, l’ostéopathie une réponse idéale.

En outre pour les troubles fonctionnels aiguës, comme un lumbago ou un torticolis, l’ostéopathie offre souvent une solution rapide et efficace.

  • De nombreuses personnes pensent que l’ostéopathie ne soigne que les problèmes de dos. Est-ce exact ?

On peut faire appel à un ostéopathe pour tous les troubles musculo-squelettiques : cervicalgie, dorsalgie, lombalgie, tendinopathie. On le sollicitera également pour des troubles viscéraux ou digestifs : constipation, douleurs abdominales fonctionnelles ou bien des troubles neurologiques : sciatalgie, névralgie cervico brachiale. Et il est bon de penser à l’ostéopathe pour des céphalées chroniques (maux de tête), un bilan postural, une préparation à un évènement sportif, l’accompagnement de la grossesse, et la prise en charge du nourrisson et de sa mère après l’accouchement.

  • Sur quels critères peut-on choisir un ostéopathe ? Qu’est-ce que c’est un “bon ostéopathe ” ?

Il faut s’assurer que son ostéopathe ait reçu une formation reconnue par le ministère de la Santé, c’est le premier critère. Ensuite le plus fiable c’est souvent le bouche à oreille. En outre, c’est un praticien qui prend le temps d’écouter et d’expliquer son diagnostic et son traitement. C’est aussi un thérapeute qui connait les limites de son champ de compétences et qui travaille conjointement avec la médecine traditionnelle. Enfin, c’est à mes yeux un homme ou une femme animé par des valeurs phares telle que l’empathie et la bienveillance.

  • L’ostéopathe fait-il “craquer” les os ?

Le bruit articulaire que l’on entend parfois en consultation d’ostéopathie se produit lorsque l’ostéopathe au cours de ses manipulations redonne une mobilité complète à une articulation, c’est un bruit de cavitation. Le bruit peut surprendre mais la technique n’est jamais douloureuse lorsque le geste est bien réalisé.

Il existe deux grandes familles de manipulations ostéopathiques :

Les manipulations structurelles, musculo squelettiques qui peuvent faire « craquer » qui lorsqu’elle sont bien réalisées ne sont pas douloureuses, et les manipulations fonctionnelles, myofasciales qui travaillent sur l’équilibre des tissus, viscères fascias et aponévroses, techniques vulgairement appelées «  douces ».

Un bon ostéopathe doit pouvoir utiliser les deux et savoir les adapter à son patient et au motif de consultation.

  • Comporte-t-il des risques à consulter un ostéopathe ? 

Si vous consultez un ostéopathe correctement formé, vous ne prenez aucun risque puisqu’il sait discerner ce qui est du ressort de l’ostéopathie de ce qui ne l’est pas. Lors de nos études nous apprenons la sémiologie médicale, c’est-à-dire l’étude des signes et symptômes de l’ensemble des maladies ce qui nous permet de réorienter nos patients dès que nous avons un doute sur une maladie organique qui nécessite une prise en charge médicale.

  • Comment se déroule une séance d’ostéopathie ? Combien de temps dure-t-elle ?

La consultation ostéopathique se déroule en trois temps :

  • L’interrogatoire (appelé aussi anamnèse) qui se doit d’être rigoureux afin de connaitre le passé du patient, son dossier médical et surtout comprendre le motif de la consultation et s’assurer qu’il est bien du ressort de l’ostéopathe.
  • L’examen clinique, qui consiste à comprendre quel tissu ou structure est à l’origine de la douleur.
  • Le traitement, expliqué et proposé au patient.

Il faut souvent compter 45 minutes pour une bonne prise en charge.

  • Tout le monde devrait-il voir un ostéopathe ? Est-ce que tous les bébés devraient en voir un ?

Il m’apparait opportun de voir un ostéopathe soit quand on présente des douleurs chroniques ou aiguës soit quand on s’apprête à solliciter son corps à des épreuves ou des changements (compétition sportive, grossesse…) le traitement préventif prend alors tout son sens.

Lorsqu’un bébé ne présente aucun symptôme comme des reflux gastro-œsophagiens, torticolis, difficulté à téter, à titre personnel je préfère préserver cet équilibre et ne pas manipuler systématiquement un nouveau-né. En revanche il me semble essentiel de prendre en charge les mamans qui ont accouché et de faire un bilan un mois après l’accouchement.

  • A partir de quel moment peut-on voir un ostéopathe ?

L’ostéopathe est formé pour travailler aussi bien sur les nouveau-nés que sur les patients âgés. Mon plus jeune patient a été envoyé par son médecin alors qu’il avait 10 jours et le plus âgé fêtait ses 94 ans !

  • A quoi peut-on s’attendre après une séance d’ostéopathie ?

Les patients ressentent souvent une sensation de légèreté de bien-être qui peut s’accompagner lors des deux jours suivant la consultation de courbatures.  Quand vous perdez la mobilité articulaire de certaines vertèbres ou que votre bassin se bloque, votre corps s’adapte afin de compenser cette perte de mobilité, ses adaptations génèrent souvent des tensions musculaires, tissulaires plus ou moins douloureuses. Une fois que l’ostéopathe lève ces blocages, il faut souvent attendre quelques jours que votre corps s’ajuste a cet équilibre retrouvé.

  • Quels sont les tarifs d’une consultation en moyenne ?

Les tarifs des consultations dépendent principalement du lieu d’installation ; à Paris, la moyenne est de 70 euros. Dans le reste de la France, la consultation est souvent autour de 50 euros, pour une prise en charge de 45 minutes.

[Auteur] : M. Benoît Guillotin-Loury

[Biographie] :  Ostéopathe , Benoît Guillotin-Loury a étudié successivement au Centre Européen d’Enseignement Supérieur d’Ostéopathie (CEESO) et au sein de l’Ecole d’Ostéopathie de Paris (EOP), deux écoles agréées par le ministère de la Santé.

Pendant cette formation il a été formé par des médecins et des ostéopathes.

Il accompagne les familles, du nourrisson à la personne âgée et il intervient également sur des événements sportifs (raids, courses, marathons).

 

Une réflexion sur « Ostéopathie, distinguer le vrai du faux »

Répondre à Corine Pinkers Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *