« Confinement et allaitement »

#restezàlamaison .

Chacun suit à la lettre les recommandations du gouvernement, plusieurs semaines de distanciation sociale, plusieurs semaines au ralenti afin d’être vigilant pour tous. Et l’allaitement dans tout cela, comment les femmes vivent-elles leur allaitement ? Que se passent-ils pour elles ? Nous échangeons aujourd’hui avec des mamans pour qui l’allaitement avait déjà démarré avant le début du confinement.

Isaline nous raconte son quotidien de maman de 4 enfants, de 12 ans, 10 ans, 2 ans et demi et 3 mois. Confinés en famille dans son appartement, elle nous dit se sentir avec son compagnon « en gestion de crise permanente ».

Ses ainés de 12 et 10 sont vraiment indépendants, mais son petit garçon de 2 ans et demi est très demandeur depuis la naissance de sa petite sœur il y a 3 mois, encore davantage depuis le début du confinement.

Lui qui avait été sevré durant la grossesse, redemande le sein quotidiennement depuis l’arrivée dans la famille de sa sœur. Isaline sent « qu’il est dans une phase de régression, qu’il a besoin de réassurance bien légitime, ce que je veux lui offrir bien sûr, mais ses demandes permanentes ne sont pas simples à gérer ». Pour elle, la priorité dans son allaitement reste son bébé, qui est en allaitement exclusif, « c’est elle qui a le plus besoin de mon lait bien sûr » et « avec la reprise des tétées très fréquentes pour Éthan, je sens que je suis à la limite de l’engorgement très régulièrement, ce qui contribue à ma fatigue générale ».

Dans cet immense challenge de maman, il y a aussi ses parenthèses de douceur. « Quand je m’isole avec Ninon, je prends le temps d’une tétée en m’installant dans un endroit calme de la maison, c’est un vrai moment pour moi, pour souffler. Je la regarde, elle est vraiment parfaite ».

Moment suspendu.

Certaines n’osent pas le dire, ou alors à demi-mot, car elles ont peur que cela soit mal perçu, elles ne veulent pas paraître maladroites, mais « ce confinement a un air de liberté ».

C’est ce que nous explique Céline, cadre supérieure. Pour elle, la reprise était prévue pour avril, sa petite Victoire allant avoir 4 mois. Les dernières semaines avant la reprise sont difficiles, elle « a le cœur brisé » de devoir reprendre le chemin du travail alors qu’elle commence à peine à installer son allaitement, à connaître sa fille et à tisser ce lien précieux avec elle.

« Pour moi, ce confinement est arrivé comme une aubaine, je devais reprendre, mais compte tenu de mon emploi, j’ai pu obtenir une autorisation spéciale d’absence afin de garder ma fille à la maison. Cela nous a permis avec mon compagnon d’arrêter la transition vers le biberon que nous avions difficilement amorcée. Ma fille n’en voulait pas du tout ! Donc aujourd’hui on continue de lui proposer de temps en temps le biberon, mais nous n’y mettons plus autant d’énergie, on en profite pour faire durer l’allaitement au maximum jusqu’au bout du confinement. » 

Des mamans décrivent aussi la sensation de pouvoir se « focaliser davantage sur les besoins de leur bébé ». Céline nous dit ainsi « j’offrais déjà un allaitement à la demande, mais là je sens qu’en étant tout le temps toutes les deux à la maison, c’est encore plus doux, plus tranquille qu’avant au niveau de l’allaitement, nous sommes complètement dans un même rythme, je n’ai plus de rendez-vous à honorer, de choses à organiser à l’extérieur au quotidien. »

Nathalie ajoute : « Pour moi qui élève en ce moment ma fille de 22 mois et sa petite sœur de 5 mois, ce confinement a une drôle de saveur. Dans ce confinement j’ai trouvé un village que je n’ai pas habituellement, je me suis installée chez mes parents pour ne pas être seule pendant que mon compagnon continue d’aller travailler chaque jour. Mes filles construisent ainsi un lien particulier avec leur grand-mère, chacune en profite avec douceur, je me sens soutenue. »

Dans ce confinement c’est l’absence de possibilité de consulter certains professionnels de la périnatalité qui chagrine cette jeune maman. « Marie, 5 mois, a quelques blocages qui l’empêchent de téter tout à fait correctement, je sens qu’une consultation en ostéopathie lui serait bénéfique. Ne pouvant y accéder, je prends mon mal en patience et elle aussi, je sais que cela va se débloquer après une consultation. En début d’allaitement, j’avais déjà expérimenté le même problème donc je relativise, je me sens sereine et calme pour traverser ce challenge d’allaitement. » Elle ajoute avec un sourire : « Pour moi qui n’avais pas allaité mon ainée, je sens à quel point mon allaitement m’enlève une crainte durant cette période de pandémie. Je n’ai pas peur de ne pas pouvoir trouver le bon lait pour ma fille comme j’aurais pu l’avoir pour mon ainée. Je sais que pour Marie tout est là dans mon sein ! »

C’est aussi ce que partage Julia, maman de Mattis 2 ans et demi, qui n’est plus allaité, et de Zorah, 4 mois, en allaitement exclusif.

« En allaitant, face à ce virus et cette période d’instabilité, je suis certaine de ne pas avoir de pénurie de lait pour mon bébé, c’est un énorme réconfort. J’ai la sensation, encore plus que d’habitude, de lui donner le meilleur, de la protéger, et cela me donne aussi la sensation de me sentir protégée en retour. »

Julia nous partage aussi le plaisir qu’elle a à avoir son compagnon, le père de ses enfants auprès d’elle, toute la journée. « Je me réjouis de donner une tétée à ma fille et de voir ensuite son père la prendre dans ses bras, et l’endormir ainsi en sécurité tout contre lui, il trouve sa place auprès d’elle ».

Ce confinement est pour toutes ces femmes, ces familles, un challenge humain, mais aussi un temps pour ralentir, regarder leurs bébés grandir et prendre le temps de vivre leur allaitement à mille pour cent.

Propos recueillis par Leslie Lucien , auxiliaire de puériculture et doula

2 réflexions sur « « Confinement et allaitement » »

  1. Ici je télétravaille partiellement avec deux grandes de 6 et 7 ans, et une dernière de 33 mois que j’allaite encore. Elle est beaucoup plus demandeuse, notamment quand elle sait que je suis au téléphone et que je ne vais pas pouvoir refuser sous peine que mon interlocuteur l’entende réclamer vivement… on arrive quand même à trouver des petits moments privilégiés, le matin quand elle se réveille avant tout le monde ou la nuit quand je me rendors dans son lit… mais je suis ko!

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