Allaiter son deuxième bébé

J'ai parlé récemment avec une maman de deux enfants, l'un de trois ans, l'autre de trois semaines. Elle m'appelait pour un problème d'allaitement, mais après dix minutes de conversation, je n'arrivais pas à cerner quel était ce problème. L'allaitement semblait se dérouler tout à fait correctement.

 

La petite phrase anodine

Elle m'avait dit plusieurs fois qu'elle allait arrêter alors j'ai mis toute mon énergie à comprendre pourquoi. Et soudain, elle a prononcé une petite phrase a priori anodine, entre descriptifs de tétées et prise de poids : « En plus, je néglige complètement mon aîné, je n'ai plus de temps pour lui». Là, le déclic s'est fait dans ma tête.

Je me suis revue, accueillant mon fils quelques heures après la naissance de sa sœur. Le sanglot profond qui était monté dans ma gorge en le voyant, désormais si grand par rapport à elle, comme s'il avait subitement grandi en une journée. Je réalisais d'un coup que notre relation maman-enfant unique avait pris fin.

 

Faire son deuil

J'ai donc orienté la conversation sur ce thème avec cette maman, et il m'est clairement apparu qu'elle n'avait pas fait son deuil de cette relation particulière qu'une mère entretient avec son premier et unique enfant. Je lui ai dit entres autres choses qu'elle ne devait pas s'en faire, que plus le temps allait passer, plus elle pourrait répartir au mieux son temps entre ses deux enfants, mais que pour l'instant c'est normal que le nouveau-né soit privilégié. Et je l'ai rassurée sur le fait que, finalement, cela ne durerait pas très longtemps (j'aime bien toujours replacer à l'échelle d'une vie ces quelques semaines où l'on ne fait quasiment que materner!).

 

Se réorganiser

J'en ai ensuite profité pour lui faire fait part de mon expérience, à savoir qu'à chaque arrivée dans une famille, il faut se réorganiser. Le noyau familial doit se recréer, se repenser, et ce n'est pas forcément facile. La mise en mots de ces émotions l'a aidée puisqu'elle a reconnu que c'était bien là le problème et qu'en effet arrêter l'allaitement ne changerait rien. Voilà un point dont on parle peu, mais qu'il m'a semblé intéressant de relater, avec l'accord de la maman bien sûr.

 

Et puis, cela m'interpelle toujours de voir à quel point l'allaitement est systématiquement présumé coupable lorsqu'il y a une difficulté dans le maternage…

4 réflexions sur « Allaiter son deuxième bébé »

  1. Je ne comprend pas pourquoi les gens systematiquement s’attaquent a l’allaitement des qu’il s’agit d’un probleme avec les enfants. Il est bien plus rapide et facile de nourrir au sein qu’au biberon. On a pas a laver, steriliser, et preparer les bib et cest dispo tout le temp. Je suis exploitante et grace a l’allaitement je peu amener ma petite en fromagerie avec moi ce que je pourrais pas avec le bib car il faudrait le preparer. La j’ai juste a m’asseoir et lui donner le sein. ya rien de plus naturel et plaisant que d’allaiter et savoir qu’on donne le meilleure de soi a son enfant.

  2. Bonjour,
    Personnellement, je suis dans la même situation que la maman décrite par cet article : bébé d’un mois et aînée de 3 ans ; et oui j’ai tendance à accuser l’allaitement.
    Pourquoi ? Parce que les tétées de ma fille durent très, très longtemps. Minimum une heure, avec bien sûr des pauses où elle s’endort, mais en attendant je suis bloquée sur le canapé ou sur mon lit (je n’arrive pas à allaiter autrement), souvent à rater les repas ou les jeux, promenades… Régulièrement, une tétée est nécessaire pile au moment où je venais de trouver du temps pour jouer. “Je suis désolée ma chérie, on devait jouer mais finalement je dois donner le sein.”
    Ma fille en souffre car j’étais une maman très présente jusque là. Aucune jalousie envers sa sœur, elle est adorable avec elle, mais elle est triste de moins profiter de sa maman.
    Alors oui, j’ai du mal à me dire que l’allaitement me fait gagner du temps par rapport à un biberon bu en 10-15 minutes, même s’il y a de la vaisselle et préparation.

    Et j’ai eu beau allaiter mon aînée 9 mois et être pleinement convaincue des bienfaits de l’allaitement, je trouve que cette sacro-sainte pratique fait que quand une mère envisage d’arrêter parce c’est trop dur (pour plein de diverses raisons), elle voit les gens se récrier que ce serait dommage, que c’est bon pour son enfant etc, ce qui en plus de tout le reste génère de la culpabilité.
    Comme si seuls les bébés allaités allaient bien, comme si vouloir arrêter constituait une maltraitance. C’est très dur à vivre, honnêtement.
    Surtout quand on a autour de soit des personnes qui n’ont pas allaité et dont les enfants ne s’en portent pas plus mal.

    Au final c’est encore et toujours la mère qui est coupable : coupable (pour les pro-allaitement) de ne pas “avoir la force” d’allaiter, de continuer d’allaiter. Ou coupable (selon elle-même ou les non-allaitants) de continuer et de négliger son conjoint, son/ses aîné(es), ou encore son travail etc.

    Personnellement, je doute régulièrement du bien fondé de continuer à allaiter envers et contre tout. Sauf diminution du temps de tétée, je ne pense pas tenir plus de 2-3 mois, la culpabilité vis-à-vis de mon aînée est trop forte.

    1. Bonjour Laureen,
      Merci beaucoup de votre témoignage. Oui, pas évident de tout concilier et la pression de la société est forte. Le meilleur des choix sera le vôtre, faites ce qui est bon pour vous, selon vos ressentis.
      Bon courage 🙂

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