Une consultante IBCLC dans un lactarium

Delphine Dumoulin nous parle de son rôle dans un lactarium d’une maternité de niveau 3.

Puéricultrice depuis 30 ans, j’ai, depuis 2006, l’immense honneur d’être la puéricultrice d’un des plus grands lactariums de France.

Lorsque j’ai été recrutée, j’avais bien sûr de bonnes connaissances en allaitement. De plus, mon hôpital se préparait à la labellisation IHAB (Initiative Hôpital Ami des Bébés), dont l’une des conditions est de permettre l’allaitement en cas de séparation mère-bébé.

On imagine aisément le rôle que peut avoir une puéricultrice ou un autre soignant IBCLC (International Board Certified Lactation Consultant) dans un service de maternité ou de néonatalogie. Mais dans un lactarium, cela soulève toujours l’étonnement.

« Vous ne pasteurisez pas du lait ? » Notre mission consiste en effet à conserver le précieux or liquide de nos mamans pour garantir sa sécurité et le donner ensuite aux bébés vulnérables. Mais cela ne s’arrête pas là.

Prendre en compte l’humain, en prendre soin, respecter et accompagner les projets d’allaitement sont au cœur de nos préoccupations également.

De la maternité, en passant par la néonatalogie, le lactarium est un trait d’union pour le soutien de ces mères.

Dans cette optique, je me suis formée pour devenir consultante en lactation IBCLC en 2008, diplôme que j’ai renforcé par un DIU ( diplôme inter- universitaire) en lactation humaine et allaitement (DIULHAM), ainsi que le DU ( diplôme universitaire) de la théorie de l’Attachement.

A cette époque, de mon point de vue, tout était à construire et à organiser ; une très belle aventure humaine ! A plusieurs, nous avons décidé de revoir nos pratiques pour les faire évoluer, de former les équipes pour une cohérence dans les soins. On m’a confié la mission de former à la fois des étudiants et d’accompagner les mères allaitantes de bébés nés trop tôt ou devant subir une intervention chirurgicale dès la naissance.

Comment cela se passe-t-il concrètement au sein de l’établissement hospitalier ?

Un membre de l’équipe rencontre chaque maman ayant un projet d’allaitement et, dans le cadre du don de lait pour son bébé né prématurément et/ou qui va être opéré. Nous créons avec elle un dossier de don, suivant le cadre législatif.

Cet entretien permet également d’aborder en détails les bonnes pratiques de recueil du lait : utilisation du tire-lait, entretien, stockage et transport du lait. Moment idéal, pour expliquer comment la lactation va s’installer, avec quelques notions simples de physiologie, cette entrevue permet aux mamans de comprendre ce qu’est un lactarium, ce qu’elles vont vivre et ainsi de gagner en confiance ! Elles entendent toutes le même message : « Mon corps sait et saura produire du lait! »

Une importance toute particulière est accordée au lait maternel

Chaque jour, les parents viennent déposer les petits flacons de don de lait si précieux. C’est un autre moment qui permet l’échange et le soutien à court, moyen et long terme de leur projet d’allaitement.

J’aimerais souligner ici que les pères sont très impliqués et très investis dans cette partie. Ils comprennent leur rôle et deviennent ainsi les premiers soutiens de leurs compagnes en matière d’allaitement. Le développement des maternités IHAB et des soins centrés sur la famille a vraiment permis d’inclure les parents dans les soins; il en est de même dans le projet d’alimentation et donc l’allaitement.

Le projet d’allaitement d’un bébé hospitalisé est souvent tumultueux et complexe : entre stress, aller-retour domicile-hôpital, gestion de la fratrie… et utilisation du tire-lait. Il peut se passer des mois avant que le bébé commence à pouvoir téter de lui-même et la maman, en parrallèle, devra construire et maintenir sa lactation.

Une organisation qui facilite le don

De l’anténatal au postnatal immédiat, nous avons fait évoluer nos pratiques pour que les mères soient rencontrées le plus tôt possible. Le but est de leur permettre d’être autonomes dans la pratique du tire-allaitement mais surtout qu’elles se sentent en sécurité, l’une des bases de la réussite.

Nous leur permettons d’identifier les personnes ressources en allaitement, dont l’équipe du lactarium et moi-même faisons partie.

Soulignons également l’importance du travail en collaboration des IBCLC ou DIULHAM dans un hôpital autour des parents, du bébé et de l’allaitement : c’est le tissu du soutien à la parentalité et à l’allaitement.

Cet accompagnement tout au long de l’hospitalisation du bébé, apporte une assistance précieuse, qui se prolonge bien souvent après la sortie.

Grâce à une lactation bien lancée, les dons se prolongent

D’ailleurs, une fois qu’elles sont de retour à la maison, beaucoup de nos mamans ont la générosité de poursuivre le don, cette fois-ci pour d’autres bébés que le leur. Sensibilisées à l’importance du lait maternel pour le petit humain fragile, elles savent que recueillir une petite quantité de lait tous les jours permet de nourrir à terme beaucoup de bébés.

Les histoires d’allaitement de ces femmes sont uniques comme toutes les histoires d’allaitement bien sûr, mais je salue sincèrement leur courage.

En somme, l’IBCLC qui œuvre au sein d’un lactarium accompagne les allaitements. C’est un peu le pivot de tous ces soutiens indispensables. Et elle apprend aussi chaque jour et tellement auprès des mères allaitantes.

Alors, à toutes les mères qui donnent à un lactarium, un immense BRAVO et un immense MERCI ; avec une mention spéciale pour celle qui ont croisé mon chemin.

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