La compression mammaire, un geste à adopter ?

Cet article a été écrit par le Dr Muriel Mermilliod, formatrice en allaitement maternel, consultante en lactation IBCLC, accompagnante Biological Nurturing© et chirurgien-dentiste.

Quand on allaite, s’il existe bien une intervention simple, caractérisée par un petit geste, facile à adopter dans de nombreuses situations, c’est bien la compression mammaire.

Bien qu’on ne dispose pas d’études spécifiques sur l’efficacité de cette pratique, beaucoup la recommandent pour augmenter la quantité bue par le bébé lors de la tétée, ou la quantité exprimée au tire-lait. A ce titre, les travaux de Jane Morton constituent une référence scientifique. Elle a démontré que combinée à l’utilisation d’un tire-lait de bonne qualité, la compression mammaire accroît la quantité de lait recueillie au tire-lait et facilite considérablement l’établissement de la production lactée.

Quel effet recherche-t-on quand on fait une compression mammaire ?

En des termes simples, on cherche à soutenir le transfert de lait, autrement dit à augmenter le volume de lait bu par votre enfant au sein en un temps donné.

Dans quelles situations y a-t-on recours ?

Dès les premières heures après la naissance et pendant le séjour en maternité,

Apporter une plus grande quantité de colostrum et/ou de lait contribuera à :

  • éviter une perte de poids excessive chez les bébés de petit poids, chez ceux ayant des difficultés de succion, car cela les aidera à apprendre à mener une tétée efficace
  • éviter d’aggraver un ictère par manque de lait,
  • activer encore plus la lactation lorsque votre santé ou le déroulement de l’accouchement peuvent amener des débuts difficiles
  • permettre une reprise de poids optimale

Au retour à la maison et plus tard dans l’allaitement

  • Lorsque la prise de poids est lente ou insuffisante
  • Lorsque votre bébé paraît peu efficace au sein
  • Lorsque votre bébé de quelques mois s’agite au sein en cours de tétée et qu’il semble peu déglutir

Quels résultats peut-on en espérer ?

Pronostiquer le résultat espéré relève bien sûr d’une évaluation complète par un professionnel car de nombreux facteurs entrent en jeu. Cependant, de nombreuses situations de perte de poids excessive, de prise de poids lente ou nettement insuffisantes, de succions inadéquates peuvent être considérablement et immédiatement aidées ou rétablies par la pratique d’une compression mammaire lorsqu’elle est accompagnée des autres fondamentaux de l’allaitement : des tétées d’une fréquence suffisante basée sur la compréhension du sommeil léger comme meilleure opportunité pour téter et d’un bébé placé sur sa mère en position ventrale pour faciliter la tétée, un ajustement optimal de la prise du sein et parfois une alternance des seins si besoin. Il n’est pas rare d’éviter le recours à des compléments (de préparation pour nourrissons ou de lait maternel exprimé) grâce à une pratique systématique de la compression.

Alors, comment fait-on cette compression ?

Le geste repose sur le principe d’une pression exercée en continu grâce à votre main placée en arrière de la glande mammaire ou sur la partie principale de celle-ci pour faciliter l’éjection du lait. La compréhension de la méthode est souvent déformée par la pratique courante et encore trop répandue d’un pincement proche de l’aréole. Il s’agit vraiment de placer la main en arrière donc assez haut sur le sein, loin très loin du mamelon.

La description exacte repose sur les connaissances le plus récentes de l’anatomie qui ont montré que 70% de la glande environ se trouvent dans les 3cm situés en arrière du mamelon, il faudrait donc placer la main en arrière de cette zone ; pour certaines d’entre vous, il faudra aller plus loin en arrière. Votre main forme un C autour du sein, votre pouce se trouve au-dessus et les autres doigts en dessous pour ne pas gêner votre bébé dans sa prise du sein. Vos doigts peuvent être collés à votre cage thoracique. Vous exercez une pression continue sur place sans faire glisser le pouce vers l’avant : le pouce appuie comme s’il voulait aller rejoindre l’index en traversant la masse du sein. La pression est la plus forte possible sans provoquer de douleur ni de gène.

La position de madone inversée et en ballon de rugby facilitent la pratique de la compression si votre situation nécessite une prise en charge et qu’allaiter selon votre instinct ne suffit plus, du moins temporairement.

À quel moment faire la compression ?

Dès que le débit de lait ralentit et donc que les déglutitions tendent à s’espacer, que votre bébé fait une pause longue, ou qu’il adopte de nouveau des succions rapides et peu amples sans déglutir ou lorsqu’il semble devenir somnolent, vous devriez débuter la compression.

Dans des situations très difficiles il sera utile de débuter la compression dès le début de la tétée.

Comment savoir si c’est efficace ?

La reprise des déglutitions attestera de son efficacité : des déglutitions audibles avec des mouvements de succions amples sont le signe que le transfert de lait est augmenté et qu’un réflexe d’éjection se produit à nouveau. La plupart du temps, on commence à entendre une déglutition, puis quelques instants après une autre, et une autre encore (alors que plus rien ne se produisait depuis un moment) et puis une salve de déglutitions bien suivies se produit, et ainsi de suite.

Pour évaluer l’efficacité exacte, compte tenu de l’objectif visé, vous pourrez vous référer aux professionnels qui vous accompagnent.

Le petit plus de la compression

Maintenir une main qui englobe ainsi le sein favorise l’assouplissement des tissus du sein et les rend plus disponibles pour votre bébé, vous pouvez aussi guider votre sein et éviter d’être blessée par les mouvements réflexes de votre bébé. La prise du sein en bouche et la bonne position du mamelon seront ainsi facilitées ce qui aidera à supprimer des douleurs résiduelles à la prise du sein. Et l’effet sera accru ensuite en cours de tétée car un meilleur débit amène une prise du sein plus optimale ce qui contribue généralement aussitôt à la diminution ou à la disparition des douleurs.

Pour en savoir plus :

J Newman T Pitman : L’allaitement comprendre et réussir

Daly SE, Kent JC, Owens RA, Hartmann PE Frequency and degree of milk removal and the short-term control of human lit synthesis Expo Physiol, 1996 ; 81 ; 861-75

Statégies développée par Jane Morton Vidéo explicative : Maximizing Milk Production with Hands On Pumping http://newborns.stanford.edu/Breastfeeding/MaxProduction.html

Vidéos du Dr Newman :

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