Allaitement et fratrie

Voici un petit billet écrit par Julie Mathieu*, coach parental, qui nous explique le comportement des ainés lors des tétées.

Avoir un nouvel enfant est toujours une aventure ! Joie, sourires, rencontre mais aussi réorganisation, doutes, conflits… 


Nos enfants ont parfois des attitudes qui nous surprennent, voire même qui nous agacent, nous irritent ou nous exaspèrent. Prenons un exemple : tu es avec ton aîné, tranquille, qui joue seul, autonome. Ton nouveau-né se réveille et réclame la tétée. Tu t’installes confortablement pour la mise au sein et là, ton grand loulou te saute dessus : il a besoin de ton aide, là, maintenant, tout de suite. Mais que se passe-t-il ? Le fait-il exprès ? Essaie-t-il d’attirer l’attention pour lui ? Est-ce de la jalousie ? 

Nous avons vite fait, dans ce genre de circonstances, de tirer des conclusions hâtives sur les causes d’un tel comportement. Les croyances populaires vont bon train : “Il le fait exprès.” “Elle te teste.” “Il est jaloux.” “Elle régresse”… 

Les conseils de notre entourage peuvent vite nous mettre en déroute : « Tu devrais donner le biberon, tu pourras passer le relais et t’occuper du grand. » Nous doutons alors de nos choix. Allaiter mon petit est-il une barrière à ma relation avec mon grand ?

Et si la réponse était toute autre ? Et si on considérait la nature profonde de nos petits êtres tendres ? Que se passe-t-il pour notre grand lorsque nous nous occupons du plus jeune ? Nous ne sommes plus disponibles pour lui. Son système d’alarme s’active. 

Regardons cela sous l’angle de la théorie de l’attachement

Lorsque le petit être humain vient au monde, il n’est pas autonome et ne peut répondre seul à ses besoins. Il a besoin de l’adulte pour sa survie. Il crée donc un lien fort avec la personne qui s’occupe de lui et qui répond à ses besoins : ce sera sa figure d’attachement principale. Du fait de sa présence lors des premiers mois de vie de l’enfant, il s’agit souvent de la maman. Il n’est pas ici question de préférence pour la mère ou pour le père mais d’un lien instinctif qui se créé avec la personne qui s’occupe le plus du nourrisson. 

Le tout petit a besoin de la proximité immédiate de sa figure d’attachement. En grandissant, l’enfant pourra s’éloigner de plus en plus et de plus en plus longtemps. Plus il se sent en sécurité grâce à ce lien fort et solide et plus il se sentira à l’aise pour aller à la découverte du monde. 

Contrairement à certaines pensées populaires, le maternage proximal ne fait pas des enfants dépendants mais au contraire des enfants avec une sécurité intérieure et une confiance de base solides. L’allaitement maternel est d’ailleurs une magnifique façon de renforcer ce lien sécurisant. 

Peut-être que tu te demandes quel est le lien avec ton aîné qui réclame dès que tu mets ton petit au sein ? J’y viens. 

Lorsque l’enfant sent que sa figure d’attachement est indisponible, son système d’alarme s’active, comme s’il y avait un danger. Ce mécanisme n’est ni conscient ni volontaire. Il s’agit d’une sorte de réflexe. Seulement voilà, cela ne se manifeste pas toujours d’une façon agréable : il insiste, trépigne, pleure, crie, fait des bêtises… Oui, en quelque sorte, il réclame ton attention. Ce n’est ni un caprice ni un test. C’est juste biologique. Il a besoin de toi, tout comme ton petit a besoin de téter sans restriction de fréquence ni de durée. 

Alors que faire ? Comment répondre aux besoins de chacun ?
Lorsque tu prends conscience que ton enfant ne fait pas cela contre toi, il est déjà plus facile de prendre du recul et de rester calme. 

Ensuite, selon tes possibilités, tu peux soit 

  • Répondre à son besoin de proximité : lire une histoire, faire un jeu, répondre à sa question…
  • Différer son besoin tout en développant ses propres ressources : “Mon chéri, je vois que tu as envie de passer du temps avec moi. Je serais disponible dans 10 minutes (15, 20…). Trouvons ensemble 10 idées pour patienter.” Toutes les suggestions sont bonnes à prendre, de la plus sérieuse à la plus loufoque. La liberté libère l’imagination. Toutes les solutions évoquées ne seront pas acceptables et c’est ok. Le but est de passer un bon moment ensemble et de trouver des alternatives. 

Cette dernière méthode permet à l’enfant de patienter tout en exerçant son pouvoir personnel et sa créativité. Cette astuce peut s’avérer précieuse dans toutes les situations où sa patience est mise à rude épreuve. 

Les comportements de nos enfants sont leur façon d’exprimer leurs besoins. Le comprendre nous aide à rester serein et à trouver la réponse appropriée. C’est ainsi que nous les accompagnerons au mieux et leur permettrons de grandir en confiance. 

* Julie Mathieu est coach parental, formée à l’école d’Isabelle Filliozat. Après 11 années d’exercice en tant que sage-femme, elle accompagne aujourd’hui les parents dans leur vie de famille. Elle leur permet de comprendre ce qui se passe pour leurs enfants mais aussi pour eux-mêmes afin qu’ils se sentent confiants et compétents dans leur rôle de parent. 

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