Le soutien de mère à mère

À la naissance de ma deuxième fille, mon aînée avait à peine deux ans. Je l’avais allaitée un peu plus de 6 mois avec beaucoup de facilité, tout m’avait semblé fluide, elle avait su téter tout de suite, pas de douleurs, très bonne prise de poids, un rythme assez rapidement trouvé avec un allaitement « toutes les trois heures environ ». C’était pour moi un allaitement idyllique!

Pour ma deuxième, tout était différent. J’étais désormais mère de deux enfants, je devais à la fois accompagner mon nouveau-né et prendre soin de ma fille aînée.

Rapidement après sa naissance, je me suis rendue compte que mon bébé prenait peu de poids. On a beau se dire « ne compare pas », « chaque bébé est différent », je voyais bien que j’avais des difficultés avec mon allaitement. Je me retrouvais seule face à mes doutes et à mon tout petit bébé qui ne grossissait pas. Ma fille n’était bien que dans mes bras ou en peau à peau, tétait parfois toutes les heures, j’avais la sensation de passer mes journées à l’allaiter, j’étais épuisée et surtout, je me demandais si tout ceci était « normal » !

J’avais bien sûr le soutien de mon compagnon qui était très présent pour notre aînée notamment, pour gérer la logistique familiale, mais j’étais perdue par ailleurs ne sachant pas vraiment à qui m’adresser pour avoir du soutien. J’ai alors repensé à l’existence des consultantes en lactation dont une amie m’avait parlé, j’ai eu la chance de pouvoir faire appel à l’une d’entres elles. Elle m’a donné des informations très précises et ainsi m’a guidée dans mon allaitement et cela a été très précieux et bénéfique.

Mais les jours passaient et je sentais qu’il me manquait toujours quelque chose. Une chose que je ne réussissais pas vraiment à verbaliser alors. J’avais « deux belles petites filles en bonne santé » comme me le disait souvent mon entourage (et je me culpabilisais d’autant plus de ressentir ce mal-être en les entendant me dire cela !), j’avais un allaitement qui démarrait de manière chaotique mais qui démarrait quand même finalement puisque mon bébé commençait à prendre du poids mais je me sentais en fait très très seule face à mes émotions et surtout je ne savais pas à qui partager mes difficultés.

Au cours d’une nuit entre deux tétées nocturnes, en pianotant sur mon téléphone, je suis tombée un peu par hasard sur un site de soutien à l’allaitement. Le site parlait de rencontres mensuelles dans ma ville entre futurs et jeunes parents pour parler notamment d’allaitement et de parentalité. Une réunion avait lieu quelques jours plus tard, je décidais d’envoyer un e-mail pour m’y inscrire.

Le jour J, je suis entrée dans le salon de l’appartement de Marie-Florence. Ça sentait le gâteau et le thé chaud, chaque participant avait apporté quelque chose à grignoter. Il y avait peu de meubles, un grand canapé et deux fauteuils très confortables. Au sol au centre de la pièce un grand tapis coloré sur lequel jouait déjà un bambin de 18 mois je pense, il empilait joyeusement des cubes et les transvasait dans des boîtes. Nous étions une dizaine de femmes présentes avec des bébés de la naissance à 3 ou 4 ans environ. La réunion démarrant, nous nous sommes présentées chacune à notre tour, abordant ce que nous souhaitions déposer ce jour là. Il y avait une future mère qui se questionnait sur le démarrage de son futur allaitement, des mamans qui allaient reprendre le travail et qui voulaient en savoir plus sur comment s’organiser pour tirer leur lait au travail, et puis il y avait moi. C’était mon tour. Je me suis mise à parler, j’étais en confiance dans ce cadre doux et chaleureux. C’est à Marie-Florence, l’animatrice bénévole chez qui nous nous trouvions, que je parlais, mais le regard des autres mères présentes était soutenant, je voyais certaines femmes acquiescer à certains de mes mots (ou maux ?).

Tout à coup j’ai senti que j’étais au bon endroit, que j’avais trouvé ce que j’étais venue chercher, une écoute vraie, bienveillante. J’ai senti que ce que je ressentais était légitime, normal, que j’avais le droit de ressentir toutes ces émotions, que mon bébé qui se réveillait souvent pour téter la nuit était « normal ».

J’ai pu déposer tout ce que j’avais sur mon petit cœur de maman de deux très jeunes enfants : ma solitude, ma peur de mal faire, mon sentiment de culpabilité de ne plus donner autant à mon aînée et à le fois de ne jamais pouvoir me donner à 100% pour ma deuxième et tant d’autres choses que j’ai dû oublier avec le temps.

J’ai compris bien plus tard à quel point pousser la porte de cette association de soutien à l’allaitement avait été un énorme cadeau que je me faisais à moi même. Oser dire « hey ho, je suis là j’ai besoin d’être entendue,  j’ai besoin que l’on écoute mes difficultés d’allaitement, mes difficultés de jeune maman», qu’on me dise « ce que tu ressens est normal ».

Je suis revenue chaque mois pendant plusieurs mois. Nos échanges m’ont permis de construire la mère que j’avais envie d’être à la fois douce et forte, à la fois faillible et pleine d’énergie.

Aujourd’hui, j’ai envie de dire aux femmes :

Osez dire que vous avez besoin d’être entendues !

Osez pousser la porte de ces associations !

Ce soutien de « mère à mère » est tellement précieux.

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J’ai été soutenue par la Leche League, mais il existe plusieurs associations de soutien en France, entre autres :

https://www.lllfrance.org/1124-41-soutenir-les-meres-qui-allaitent-le-role-des-groupes-de-meres

http://www.solidarilaitidf.org/reunions

https://www.allaitement-toutunart.org/

[Auteure] : Leslie Lucien

[Biographie] :   Devenue auxiliaire de puériculture suite à la naissance de ses enfants, elle a participé à de nombreuses réunions de soutien de mère à mère.

Elle accompagne également les futurs parents en tant que doula, accompagnante à la naissance, formée auprès de l’institut des Doulas de France.

3 réflexions sur « Le soutien de mère à mère »

  1. Merci pour ces informations ! Je ne savais même pas que ces associations existaient et apparemment, il y en a aussi pas loin de chez moi 🙂

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