Au secours, je reprends le travail!

« Voilà, je reprends le travail dans une semaine, mon bébé a deux mois et c'est terrible : je ne tire rien. »

 

Telle est la situation angoissante que m’exposent certaines femmes qui allaitent exclusivement leur bébé et sont contraintes d'exprimer leur lait. Que faire pour s'en sortir?

 

 

 

Ne minimisez pas vos résultats!

 

En effet, ce qui est appelé « rien » est parfois beaucoup plus que ce que l’on peut croire!

 

Lorsqu'une mère exprime 80 mL de lait au total sur la journée, alors qu'elle est à la maison avec son bébé, au vu de la quantité de lait que le bébé a bu, admettons 800 mL, ce volume supplémentaire représente tout de même une augmentation de 10%. Ce n'est PAS RIEN! Demandez une augmentation de 10% à votre patron du jour au lendemain, vous verrez s’il estime qu’en effet ce n’est rien !

Faisons attention au poids des termes employés. Les mots ont une grande importance en allaitement, surtout parce qu'ils jouent sur notre moral assez facilement. N'oublions pas que la glande produisant les hormones de l'allaitement est sous le contrôle de l'hypothalamus, lui-même sensible à nos humeurs et émotions!

Mesdames, gardez bien à l'esprit que lorsque vous préparez votre reprise de travail, vous faites des réserves et que vous demandez par conséquent un effort supplémentaire à vos seins. Donc soyez patientes et indulgentes avec vous-mêmes.

 

 

Donnez-vous les moyens de comprendre

 

Si les quantités ne sont vraiment pas au rendez-vous, il faut analyser la situation.

Lorsque vous tentez d’exprimer votre lait, et que vous n'avez aucun jet, mais uniquement un déprimant goutte à goutte pendant une demi-heure, c'est probablement qu'il n'y a pas eu de réflexe d'éjection, en d'autres termes pas de « montée-de-lait ».

Si cette situation se produit après une tétée où bébé s'est montré efficace, c'est tout à fait logique : il a bien « vidé » votre sein, et vous êtes maintenant dans le « creux de la vague » hormonal.

Si non, c'est que la stimulation n'a pas été bonne et l'ocytocine (°) n'a donc pas été produite.

L'idéal pour faire quelques réserves est d’exprimer votre lait en même temps que votre bébé tête d'un côté, de préférence le matin, moment où vous avez le plus de lait en principe. Vous profiterez de la montée de lait générée par votre bébé. 

 

Créez de bonnes conditions de tétée

 

« Mon bébé est maintenant en adaptation à la crèche, et je n'arrive pourtant pas à tirer un repas… »

 

Voici alors des petits trucs, qui pourront également vous aider au travail.

 

En préambule, il faut bien comprendre que l’action du tire-lait n’est que mécanique : le mamelon est étiré. Votre bébé, lui, fait cela et bien plus encore. Il stimule tous vos sens. La délicieuse petite odeur de sa tête, ses petits bruits, ses caresses, ses grands yeux, participent à l'ensemble des stimuli amenant la production et l'éjection du lait.

 

Pour retrouver un peu de cette ambiance, vous pouvez, avant de tirer votre lait, utiliser un petit rituel qui vous amène dans un contexte propice.

 

Stimulez vos sens avec l’odeur de votre bébé sur un linge qu’il a porté. Nous sommes des mammifères, l'odorat est un de nos sens les plus importants, même si notre société ne nous encourage pas à le reconnaître.

 

Réalisez ensuite un petit massage appelé « massage Marmet » (°°), qui comprend 3 étapes :

 

-1- Caressez vos seins de haut en bas jusqu'au mamelon. Votre peau se souviendra alors très bien des caresses que fait votre bébé pendant la tétée ;

 

-2- Faites des petits mouvements circulaires tout autour de l'aréole (photo ci dessous), pour stimuler les acini, ensemble de cellules sécrétrices du lait ;

 

 

massage marmet

-3- Enfin, penchez-vous en avant et doucement, secouez vos seins. Le réflexe d'éjection suivra facilement.

 

 

Vous pouvez reproduire ce massage en cours d'expression pour relancer la production si besoin.

 

Pour finir, pensez que l'inconnu de cette nouvelle organisation de la vie qui s'annonce (le travail avec un bébé) vous amène forcément un stress qui va se dissiper une fois que vous aurez trouvé vos nouvelles marques.

 

Et là, quelle fierté de s'accomplir à la fois en tant que femme et que mère!

 

Bonne reprise!

 

 

 (°) L'ocytocine est l'hormone qui provoque l'éjection du lait

 

(°°) Cette technique est utilisée dans le cadre d’une expression manuelle, mais elle fonctionne bien aussi avec un tire lait.

 

 

 

 

10 réflexions sur « Au secours, je reprends le travail! »

  1. Un petit retour d'une maman qui m'écrit : "génial, ca marche super bien, je tire moins de fois pour plus de lait au total, grace au massage le lait a giclé littéralement!"

  2. J’ai repris mon travail depui une semaine mon expression de lai avec le calypso a spectaculairement baissé. Je pratique vos conseils depuis deux jours et j’obtiens 20 à 30 ml en plus. J’ai opté pour tirer toutes les 3h meme si j’obtiens moins de quantité mais au total je reussi a avoir les 480ml dont ma fille a besoin pour la crèche. C’est vrai la production du matin est plus efficace mais je n’arrive pas à la mettre en place en même temps que la tétée de ma fille.

    1. Qu’est ce qui vous pose probleme pour la tétée du matin + tire lait? L’heure? ou le fait que vous n’ayez que 2 mains?

  3. Pourtant j’ai reussit à libérer mes mains en faisant des trous dans mon soutien gorges piur coincer la téterelle. Mon bébé a 5 mois et elle devient curieuse. Si je la met en position balle de rugby elle veux toucher au biberon et au fil. Si je la met en position madone elle veut le tapper avec son pied. Je pense qu’il lui faut du temps pour cohabiter avec l’objet peut être”rival”.

  4. oui, à 5 mois, les bébés ne têtent plus comme à 5 semaines, ils sont beaucoup moins concentrés!! Elle va en effet s'habituer. Et de toute façon, c'est vous le chef! Vous décidez que vous tirez votre lait en même temps et c'est comme ça!!

  5. Au début c’est vrai que ce n’est pas très naturel d’utiliser le tire-lait : il faut prendre le temps de se familiariser avec son fonctionnement, les accessoires… De mon côté, après m’être bien installée, soit dans la salle de pause ou dans un bureau libre, je massais les tètons pendant 1 petite minute avec de la lanoline en pensant à mon bébé, et je sentais le lait monter très rapidement. J’avais aussi une petite bouillote en noyaux de cerises que je chauffais au micro-ondes pour avoir une sensation de chaleur contre moi. Finalement, je mettais ce moment à profit pour me détendre et penser à mon petit bout, et j’étais plus concentrée après !
    Nos locaux sont petits, mais j’en avais parlé à mon chef avant de partir en congé maternité et il n’a eu aucune hésitation (alors que moi j’en avais!) : il m’a dit que ca ne posait aucun problème de “bloquer” l’une des pièces libres pendant 20 minutes matin et soir. J’en ai ensuite parlé aux collègues qui ont également très bien compris.
    J’étais motivée donc même si je ne tirais pas beaucoup (il me fallait 2 séances pour avoir un biberon), j’avais l’esprit tranquille car je savais que cela permettrait de maintenir ma lactation. Je remercie de tout coeur toute l’équipe de GN : j’ai trouvé sur ce blog et par téléphone tous les conseils dont j’avais besoin, et j’ai pu allaiter aussi longtemps que j’en avais envie (9 mois en ce qui me concerne). Une belle pensée pour toutes les mamans qui concilient allaitement et travail : plus on sera nombreuses, plus ca entrera dans les moeurs !

      1. Voici un commentaire d’une maman qui a réagit par mail.Je publie sa réaction avec son autorisation.

        “Bonjour!

        En allant sur internet je suis tombé sur votre site qui est intéressant.

        Puis je me permettre de signaler quelque chose quand même vis à vis de l’allaitement au travail, et qui m’agace un peu c’est de voir encore l’image de la femme dans un bureau, mais je vous rassure dans tous les magazines de presse féminine il y en a toujours QUE pour les femmes qui travaillent au bureau ! Avec la fameuse pause de midi.

        Je suis infirmière et je suis désolée de dire que non on ne peut pas allaiter comme on veut et quand on veut, d’une part avec les horaires atypiques la production de lait diminue et suivant dans le service dans lequel vous travaillez vous êtes toute seules pour 24 patients et a géré tout un service. De plus vous dites de mettre le lait dans le frigo sachez que dans le milieu hospitalier on est pas autorisé à faire ce que l’on veut et encore moins quand il y a la visite impromptu de l’inspection de l’hygiène.

        Déjà que le personnel paramédical a du mal à pouvoir aller au toilette ( on se retient), ainsi que de manger très tardivement le repas du midi prit vers 15h 15h30 ou des fois pas de repas, alors pensez vous allaiter sur son lieu de travail est -il réellement réalisable pour toutes les femmes ? Sans oubliez bien sur tous les métiers ou les femmes exercent en horaire atypique, à l’extérieur etc..

        Après si la femme a la chance de tomber sur des chefs compréhensifs, des collègues sympas qui veuillent bien attendre que la collègue tire son lait et bien tant mieux pour elle.
        Moi personnellement, je n’ai jamais connu de collègue qui tirait son lait sur son lieu de travail ou qui continuait l’allaitement après son congé de maternité et même en mode tire lait à domicile.

        En bref, il faut être sur la réalité du terrain, après c’est sur vous pouvez me dire que la femme n’a qu’à allaiter chez elle et le congeler chez elle. Mais es ce que la qualité du lait maternel est elle toujours là si la maman mange très mal? pas sain? Sa je vous avoue que je n’ai jamais lue d’article qui traitait de ça. De même, avec le travail en 12h par jour et 3 jours de suite pensez vous que la femme produit toujours autant de lait? Quand on parcourt un peu les forums des femmes qui travaillent en horaire atypique elle prenne en général des médicaments et autres tisanes pour pouvoir tenir la cadence de production de lait car la fatigue du métier est là et elles arrivent à tenir quelques semaines de plus.

        Pour finir, oui il est possible de conjuguer allaitement et travail mais pas dans tous les métiers.

        Je vous remercie de m’avoir lue.

        Bonne continuation.”

        1. Et notre réponse :
          “Bonjour Madame

          Nous sommes tout à fait conscients que les femmes ne sont pas qu’au bureau. C’est pourquoi nous avions fait une série sur différents métiers et l’allaitement, avec notamment celui ci : http://leblogallaitement.com/je-suis-infirmiere-et-jallaite/
          qui peut vous concerner, c’est un témoignage véridique d’une maman.
          Sinon dans notre clientèle, nous avons des ouvrières qui font les trois huit, des médecins urgentistes, des artistes … tous ont des horaires atypiques et arrivent à concilier les deux .
          Effectivement c’est souvent très difficile, quelquefois ce n’est pas de l’allaitement exclusif. Il faut une certaine organisation mais cela n’altère pas la qualité de votre lait. Même si vous mangez déséquilibré, à pas d’heures ou même dans les populations malnutries, le lait maternel reste toujours ce qu’il y a de mieux pour votre enfant.”
          Et vous ? Qu’en pensez -vous ? Racontez nous votre façon de gérer l’allaitement et le travail.
          Même si l’allaitement n’est pas exclusif, une tétée par jour permet d’avoir des bénéfices liés à l’allaitement maternel que les enfants non allaités n’ont pas.

          Je terminerai par dire que c’est un choix personnel que chaque femme fait en fonction de ce qu’elle ressent et en fonction de ses capacités à mettre cette logistique en place mais allaiter et travailler est possible même en dehors du bureau….

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